HISTOIRE DE LA GESTAPO
Insigne des SD (Sicherheitsdienst, service de sécurité) utilisé par la Gestapo
La Gestapo, acronyme tiré de l’allemand Geheime Staatspolizei signifiant (police secrète d'État), était la police politique du Troisième Reich.
Fondée en Prusse par Hermann Göring, son pouvoir s'étendit ensuite, sous l'impulsion d'Heinrich Himmler, à l'ensemble du Reich, puis aux territoires envahis par l'Allemagne au cours de la Seconde Guerre mondiale. Intégrée au Reichssicherheitshauptamt de Reinhard Heydrich, elle fut dirigée par Heinrich Müller de 1934 à 1945. Chargée de lutter contre les opposants internes ou externes, réels ou supposés, puis contre les adversaires du régime nazi ou les résistants dans les pays occupés, elle fut synonyme de terreur et d'arbitraire en Allemagne, puis dans une grande partie de l'Europe. Elle joua un rôle essentiel dans l'extermination des Juifs d'Europe, notamment via son Amt B4, dirigé par Adolf Eichmann.
Active jusqu'aux derniers jours du régime nazi, elle fut condamnée en tant qu'organisation criminelle lors du procès de Nuremberg.
Le siège de la Gestapo, Prinz-Albrecht-Strasse à Berlin
Victimes de la Gestapo à Lager Nordhausen
De l'insurrection spartakiste aux actions des corps francs, de l'assassinat de Walter Rathenau au putsch de la brasserie, la République de Weimar est marquée par une profonde instabilité et de fréquentes violences politiques, au cours desquelles s'illustre notamment la Sturmabteilung du parti nazi. L'appareil d'état allemand met en œuvre une stratégie de lutte essentiellement dirigée contre les communistes et la nazis, exécutée par la police régulière, comme en Bavière, ou par la police politique, comme en Prusse. De son côté, à l'initiative d'Heinrich Himmler, le parti nazi se dote d'un service de sécurité interne, le Sicherheitsdienst, confié à Reinhard Heydrich.
Göring et la création de la Gestapo
Adolf Hitler et Hermann Göring en 1934
Pendant des semaines, j'ai travaillé personnellement à la réorganisation pour arriver à créer, moi seul, de mon propre mouvement et de ma propre initiative, le service de la Gestapo. Cet instrument, qui inspire une profonde terreur aux ennemis de l'État, a puissamment contribué au fait qu'on ne peut plus parler aujourd'hui d'un danger communiste ou marxiste en Allemagne ou en Prusse.
Hermann Göring, 1934.
Lors de l'arrivée au pouvoir des nazis en janvier 1933, ceux-ci mettent en place une politique de répression suivant trois axes : l'écartement, l'internement et l'élimination des opposants politiques en dehors de tout cadre légal, menés par la SA et la SS, notamment avec l'ouverture des premiers camps de concentration ; la mise en place d'un cadre juridique permettant de donner à la répression un cadre légal ; la création d'un organe consacré à la police politique, la future Gestapo.
Député au Reichstag et membre du Landstag de Prusse depuis mai 1928, président du Reichstag en 1932, ministre sans portefeuille, commissaire à l'aviation et ministre de l'Intérieur de Prusse dans le gouvernement d'Adolf Hitler, Hermann Göring prend les rênes de la police prussienne, la plus importante d'Allemagne, le 12 février 1933, dont il entreprend immédiatement la nazification. Dans cette opération d'écartement des policiers aux sentiments républicains, il dispose d'une aide précieuse, celle de Rudolf Diels. Chef de la section politique de la police prussienne, l' Amt IA, qui avait combattu communistes et nazis avec efficacité et énergie, Diels met ses fichiers au service du nouveau pouvoir. Dès le 22 février, Göring accroît ses forces, en nommant les membres de la SA et du Stahlhelm, policiers auxiliaires.
Immédiatement après la proclamation des lois d'urgence du 28 février 1933 pour la défense du peuple et de l'état, officiellement justifiés par l'incendie du Reichstag, la police prussienne prend part, aux côtés de la SA et de la SS à la première grande rafle d'opposant organisée à Berlin dans la nuit du 28 février au 1er mars 1933. Dès ce moment, la Gestapo pouvait agir sans restriction et sans responsabilité, pratiquer l'arrestation secrète et la détention à perpétuité sans accusation, sans preuve, sans audience. Aucune juridiction ne pouvait s'y opposer, ni ordonner la mise en liberté et réclamer un nouvel examen du dossier.
Rudolf Diels
Göring est nommé ministre-président de Prusse le 5 mars 1933, tout en conservant son poste de président du Reichstag ; c'est à ce titre qu'il fait adopter, le 23 mars, lors de l'ouverture de la nouvelle session parlementaire une loi couvrant les crimes et délits commis dans une intention patriotique, complétée, le 23 juin, par l'amnistie des condamnations prononcées contre des nazis avant la prise du pouvoir.
La Gestapo est officiellement créée le 26 avril 1933 ; elle est dirigée par Göring lui-même, avec Diels comme adjoint. Dans la foulée, la Gestapo, dont les activités sont jusqu'alors officiellement limitées à Berlin, ouvre un bureau dans chaque district prussien et met en place, dès le mois de juin, un réseau de surveillance de l'opinion publique et de délation. Elle démantèle l'organisation clandestine du parti communiste mais enquête également sur les activités de la SA, perçue par Göring comme une rivale, et dont elle fait fermer ou transférer à la SS, ses camps de concentration privés. Suite aux manœuvres de Wilhelm Frick, qui n'accepte pas que la Gestapo échappe à son autorité, Diels est révoqué en septembre 1933, pour être remplacé par Paul Hinkler, alcoolique notoire ; son mandat dure moins d'un mois, avant le retour en fonction de Diels, qui fait aussitôt arrêter son éphémère successeur. Afin d'éviter la répétition de tels soubresauts, la Gestapo est officiellement soustraite des attributions du ministère de l'Intérieur, le 30 novembre 1933 pour ne relever que du ministre-président de Prusse, c'est-à-dire, Hermann Göring.
Le 1er avril 1934, Diels est à nouveau limogé, pour être remplacé, le 20 avril, par Heinrich Himmler, Göring conservant toutefois officiellement la direction de la Gestapo.
La prise en main par la SS et l'intégration au RSHA
Heinrich Himmler et Reinhard Heydrich en 1939
Pendant que Göring organise la Gestapo en Prusse, Heinrich Himmler pend petit à petit le contrôle des polices des autres états allemands : en mars 1933, il est nommé préfet de police de Munich, puis, un mois plus tard, président de la police de Bavière ; dans les mois qui suivent, il prend le contrôle des polices de Hambourg, du Mecklenburg, de Lübeck, de la Thuringe. Au printemps 1934, il dirige toutes les polices allemandes à l'exception de la Prusse. Sorti vainqueur d'une lutte pour le pouvoir qui l'oppose à Kurt Daluege, le protégé de Wilhelm Frick, Himmler unifie toutes les polices allemandes dès sa nomination à Berlin et étend le champ d'action de la Gestapo à toute l'Allemagne ; à la tête du service central de la Gestapo, il nomme son plus proche adjoint, Reinhard Heydrich, déjà responsable du SD. Heydrich prend comme adjoint à la direction de la Gestapo un ancien membre de la police criminelle de Munich sous la République de Weimar, Heinrich Müller, qui s'était notamment illustré dans la lutte contre les nazis.
Le 17 juin 1936, Himmler est nommé chef de toutes les polices allemandes (Chef der Deutschen Polizei) ; il contrôle l'Ordnungspolizei de Kurt Dalueget et la Sicherheitspolizei, qui regroupe la Gestapo et la Kriminalpolizei (KRIPO), dirigée par Arthur Nebe. La SIPO est chargée de lutter contre les ennemis de l'État : la KRIPO poursuit « les individus qui par la suite de dégénérescence physique ou morale sont séparés de la communauté populaire et qui violent, dans leur intérêt particulier, les dispositions prises pour préserver l'intérêt général, la Gestapo s'occupant des individus qui, comme mandataires des ennemis du peuple allemand national-socialiste, veulent détruire l'unité nationale et anéantir la puissance de l'État.
Le, 22 septembre 1939, la SIPO est incorporée, avec le SD, au Reichssicherheitshauptamt, placé sous la direction de Heydrich, puis de Ernst Kaltenbrunner.
Missions et pouvoirs
La Gestapo a la tâche de rechercher toutes les intentions qui mettent l'État en danger, et de lutter contre elles, de rassembler et d'exploiter le résultat des enquêtes, d'informer le gouvernement, de tenir les autorités au courant des constations importantes pour elles et de leur fournir des impulsions.
Décret d'Hermann Göring du 10 février 1936.
L'absence de tout cadre légal, avant le décret de Göring, n'empêche pas la Gestapo d'agir dès 1933. Sur la base des décrets des 28 février 1933 et8 mars 1934, qui mettent en place la détention de protection (Schutzhaft), elle peut emprisonner ou interner en camp de concentration qui bon lui semble, sans limite de durée, sans chef d'accusation et sans procès. L'absence de tout contrôle juridictionnel sur les agissements de la Gestapo est officiellement confirmée le 10 février 1936, par une loi qui stipule notamment que « les ordres et les affaires de la police secrète ne sont pas sujets à l'examen des tribunaux administratifs », loi qui ne fait que confirmer un avis de la Cour administrative de Prusse de 1935, selon lequel une mise en détention de protection ne peut être contestée devant un tribunal.
L'organisation interne
De gauche à droite : Huber, Nebe, Himmler, Heydrich et Müller
Dirigée de 1935 à 1945 par Heinrich Müller, la Gestapo est organisée en 6 départements(eallemand Amt, au singulier), qui comportent plusieurs sections. La plus connue d'entre elles, la section B4, dirigée par Adolf Eichmann, sera le principal organisateur de l'extermination des Juifs d'Europe.
Amt A : adversaires du nazisme
Communistes, marxistes et organisations apparentées, propagande illégale ou hostile
Contre-Sabotage et mesures de sécurité générale
Réactionnaires, libéraux, légitimistes, émigrés
Service de sécurité, prévention des attentats
Amt B : églises, sectes religieuses, Juifs et francs-maçons
Catholicisme politique
Protestantisme et sectes
Autres églises et francs-maçons
Juifs
Amt C
Fichier central, gestion du personnel, surveillance des étrangers
Internements de protection
Presse et publications
Affaires du parti
Amt D : territoires occupés et travailleurs étrangers en Allemagne
Protectorat et Tchécoslovaques résidant dans le Reich
Gouvernement général et Polonais résidant dans le Reich
Ennemis de l'état étrangers
Territoires de l'Ouest : Pays-Bas, Belgique, France, Luxembourg, Alsace, Lorraine, Norvège, Danemark
Amt E : Contre-espionnage
Problèmes généraux et contre-espionnage dans les usines du Reich
Problèmes économiques généraux
Pays de l'Ouest
Pays nordiques
Pays de l'Est
Pays du Sud
Amt F
Police des frontières
Passeports
Cartes d'identité
Police des étrangers
Amt P : Relations avec les polices étrangères
Referat N (1941) : centralisation des renseignements
Le rôle de la Gestapo. L'élimination des opposants (1933-1939)
Au travers de l'appareil du parti nazi, du Gauleiter au Blockleiter, la Gestapo dispose en Allemagne, de dizaines de milliers d'oreilles et d'yeux attentifs.
Si le rôle réel de la Gestapo dans l'incendie du Reichstag est controversé, elle est bien au centre la préparation de la nuit des longs couteaux. Elle contribue à monter le dossier du faux complot de Ernst Röhm contre Adolf Hitler et à rédiger la liste des personnes à assassiner; elle participe également aux meurtres et commet notamment ceux de Herbert von Bose, de Kurt von Schleicher et de son épouse et de Erich Klausener.
Désormais indépendante, la SS peut mener à bien sa besogne. Le parti nazi étant reconnu parti unique, la Gestapo continue à traquer sans relâche les opposants politiques, en particulier les membres du KPD. De même, ceux qui n'entrent pas dans l'idéal du parti que les nazis appellent la Volksgemeinschaft (la communauté du peuple), sont rapidement repérés et interceptés. On commence alors à s'intéresser aux minorités en particulier aux Juifs. Le parti va mettre à la disposition de la Gestapo une base légale pour multiplier les arrestations : le 19 septembre 1935, sont votées les lois de Nuremberg dans lesquelles il est disposé que tout mariage entre juifs et allemands est strictement interdit. Un climat général de terreur s'est installé en Allemagne. Alors que la police apparaît lors des films de propagande comme proche du peuple, les dénonciations se multiplient. Durant l'été 1936, Himmler est nommé Chef der Deutschen Polizei (chef de toutes les polices d'Allemagne) mais c'est Heydrich, son bras droit qui la dirige véritablement. En outre, le ministère de l'Intérieur possède encore un contrôle important. Les intellectuels SS ont un rôle de plus en plus déterminant au sein de la machine nazie à partir de la fin des années 1930. Werner Best, juriste et technocrate SS, est l'un d'eux. Il assiste Heydrich à la tête de la Gestapo jusqu'en 1940. Franz Six est quant à lui le concepteur du Gegnerforschung (section de la Gestapo qui traque les ennemis du Reich) et recruté par Heydrich au sein du SD.
En 1938, suite à l'Anschluss, les dirigeants de la gauche autrichienne sont arrêtés. L'année suivante, la Gestapo établit une liste des opposants tchèques à supprimer.
La poursuite de la répression
Les oppositions grandissent contre la brutalité du régime policier. L'association de la Rose blanche, dirigée par Sophie et Hans Scholl, critique la boucherie de Stalingrad ainsi que les déportations. Dénoncés, ils sont arrêtés par la Gestapo puis décapités le 22 février 1943 près de Munich.
La police secrète traque les auditeurs des radios étrangères, dont l'usage est strictement interdit, reconnu comme un acte de trahison. Les amateurs de musique américaine (jazz et swing) sont également pourchassés puisque le régime n'autorise pas l'écoute de la musique nègre. Enfin, les mariages mixtes sont analysés au peigne fin. À Francfort, Heinrich Baab ordonne l'arrestation des Juifs mariés avec des Aryens : la ville va connaître des dizaines de milliers d'arrestations (1941-1943). Au mois d'août 1943, Himmler est nommé Reichs-und Preussischer Minister des Innern (Ministre de l'Intérieur) : il est désormais le maître incontesté du régime policier allemand.
La répression dans les territoires occupés
À L’est
Au cours de l'année 1939, les dirigeants de la Gestapo forment leurs hommes à une prochaine entrée en guerre. Müller coordonne l'opération Tannenberg qui sera un prétexte pour attaquer sans scrupule la Pologne en septembre.
Le 4 juin 1942, Heydrich décède suite à un attentat à Prague. Cet événement intensifie la violence et les arrestations. Himmler reprend provisoirement la direction du RSHA jusqu'en janvier 1943, période à laquelle Ernst Kaltenbrunner lui succède. En représailles à la mort, près de la capitale tchèque, les SS et la Gestapo rasent de la carte le village de Lidice en fusillant tous les hommes et en déportant les femmes et les enfants.
En Pologne, par exemple à Lublin, le chef de la Gestapo, Oswald Gudenlach fait assassiner des dizaines de milliers d'innocents et organise une gigantesque rafle antijuive entre le 3 et le 4 novembre 1943, plus de 43.000 personnes sont assassinées.
À L’ouest
À Paris, c'est l'Obersturmbannführer Kurt Lischka qui dirige la Gestapo à partir de l'automne 1940 en s'installant rue des Saussaies (8e arrondissement). Le président du Conseil français, Pierre Laval, se met d'accord avec les nazis pour mener efficacement l'arrestation des Juifs par la police française : au total 80 000 Juifs français sont déportés.
Siège de la Gestapo durant le seconde guerre mondiale à Nice
La déportation et l'extermination des Juifs d'Europe
Entre l'automne 1939 et le printemps 1940, Hitler veut gagner la guerre au plus vite. Il ordonne l'élimination de 70 000 personnes par les Einsatzgruppen (commandos SS) en Europe de l'Est en particulier en Ukraine et en Biélorussie. Les unités SS et la Gestapo prêtent main forte à ces unités mobiles pour exterminer les hommes en âge de combattre.
Avec la réquisition des moyens de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF), c'est notamment au sein de la Gestapo dans le service IV.B.4 dirigé par Adolf Eichmann, que sont organisés tous les transports de prisonniers vers les camps de concentration. C'est également elle qui procède aux arrestations des Juifs - qui, désormais doivent porter l'étoile jaune - et des opposants politiques en Allemagne et dans les territoires conquis.
Le 31 juillet 1941, Heydrich établit un plan pour l'élimination des Juifs à grande échelle: l'opération Reinhard. L'objectif est de planifier l'extermination de 2 millions de Juifs polonais. Durant l'automne, Himmler ordonne sa mise en place. Le 20 janvier 1942, Müller est présent à la conférence de Wannsee, durant laquelle on coordonne l’Endlösung (Solution finale). Le projet est diffusé au sein de la Gestapo, auxiliaire incontournable de sa mise en place. Heydrich veut faire de ses policiers non plus les modèles de la Volksgemeinschaft, mais des policiers politique, véritables acteurs de la Solution finale.
Portrait de Jean Moulin assassiné par les Allemands en 1943
La Gestapo fonctionne sans aucun tribunal et décide elle-même des sanctions à appliquer. Elle s'est rendue célèbre, en Allemagne d'abord, puis dans toute l'Europe occupée, par la terreur implacable qu'engendrent ses procédés. Elle incarne l'arbitraire et l'horreur des forces nazies. La Gestapo est une police des esprits, ayant des informateurs dans toutes les couches sociales de la population. Aux policiers allemands ou aux 1 500 policiers présents sur le territoire français, s'ajoutent 40 000 auxiliaires d'origines diverses, y compris le grand banditisme.
En avril 1942, Himmler obtient d'Hitler que les pouvoirs de police soient transférés des militaires au général de police SS Karl Oberg. La Gestapo peut alors appliquer à la France les méthodes employées en Allemagne et dans les autres territoires occupés. Dès le 10 juin, le pouvoir central nazi lui recommanda d'utiliser la torture lors des interrogatoires pour arracher des aveux et des informations aux prisonniers récalcitrants. C'est le cas notamment du chef de la Gestapo à Lyon, Klaus Barbie qui sera le bourreau de Jean Moulin.
Principaux agents et officiers de la Gestapo
Heinrich Baab Heinrich Himmler Franz Stangl (Gestapo autrichien)
Reinhard Heydrich Klaus Barbie Wielen maximum
Kurt Lischka Werner Best Hermann Göring
Helmut Knochen Karl Boemelburg Siegfried
Heinrich Müller Rudolf Diels Franz Six
Karl Oberg Adolf Eichmann Théo Dannecker (chef de la section IV-J)
Pierre Paoli Gerhard Flesch
Henry Oliver Rinnan Hans Bernd Gisevius
Walter Schellenberg Oswald Gudenlach
Karl Eberhard Schongarth , Herbert Kappler
Personnalités exécutées par la Gestapo
Marc Bloch, historien français
Jean Moulin, chef de la Résistance française
La Geheime Staatspolizei, créée par Hermann Goering en 1933, n’est à l’origine qu’une sous-division de la police judiciaire, issue de la police politique mise en place sous la République de Weimar. Après 1933, la Gestapo émerge très vite comme l’instrument de répression privilégié du nouveau régime : dès le 27 février 1933, deux jours après l’incendie du Reichstag, commencent les épurations. Lorsqu’en 1943 la Gestapo passe sous la direction de Himmler et de Heydrich, elle devient la police politique de l’empire SS. Sa participation à l’élimination du chef des SA, Ernst Röhm, confirme son allégeance absolue à Hitler et
renforce sa position. Elle est désormais la pièce maîtresse du système policier du Reich.
Aujourd’hui l’Allemagne nous appartient, et demain le monde entier. Suivant à la lettre ce chant nazi, la Gestapo étend à partir de 1939 son emprise à toute l’Europe. Aux ennemis du Reich identifiés dès 1933 s’ajoutent de nouvelles catégories : (bolcheviks), espions, résistants. Implantée partout, la police secrète allemande enquête, rafle, emprisonne et déporte. Sa réputation d’omnipotence et d’omniscience, relayée par la propagande, se répand sur tout le continent. Un mythe que les nombreux suiveurs, dénonciateurs et autres hommes de main, y compris les collaborateurs français, entretiendront longtemps après la fin de la guerre pour tenter d’échapper à leurs responsabilités
Au service de la terreur
Comment la Gestapo a-t-elle imposé la terreur au-delà des frontières de l’Allemagne ? Ce deuxième volet revient sur les étapes de l’amplification des pouvoirs de la police secrète des nazis. Alors que, sur le front de l’Est, elle organise des commandos de la mort, une nouvelle unité spéciale est créée sous la responsabilité d’Adolf Eichmann en liaison avec le chef de la Gestapo, Heinrich Müller. Sa mission : organiser l’arrestation et la déportation des juifs. Peu à peu, la Gestapo fait également main basse sur le contre espionnage, normalement dévolu aux services secrets, et s’enorgueillit de ses succès notamment du démantèlement du réseau Orchestre rouge. Mais, après la défaite de Stalingrad début 1943, les victoires se font rares et la Gestapo subit des revers : l’assassinat du capitaine SS Heydrich en juin 1942, l’attentat (manqué de peu) contre Hitler en juillet 1944. Des échecs qui n’entament pourtant pas sa réputation auprès du Führer et des dignitaires nazis. Au contraire : la Gestapo a désormais carte blanche. Et les Allemands, victimes des exactions commises par des groupes de policiers incontrôlés, en subissent de plein fouet les conséquences.
Fin 1944, la Gestapo a recentré ses actions sur l’Allemagne. En 1945, dans l’ambiance d’apocalypse qui marque les derniers mois du Reich, la machine à semer la terreur échappe à tout contrôle. Plus la fin approche, plus il est risqué, que l’on soit militaire ou civil, d’exprimer le moindre doute sur la victoire finale. Le simple bon sens passe pour du défaitisme. Et la Gestapo pour qui, désormais, chacun est un coupable potentiel, frappe à coups redoublés. Cela n’empêche pas la plupart de ses hommes, des hauts dirigeants aux simples fonctionnaires, de se préparer à l’après-guerre. Ils effacent les traces de leurs agissements, détruisent les preuves de leurs exactions. Après 1945, il ne reste qu’une infime partie des milliers de dossiers constitués par la police secrète. Les hommes de la Gestapo changent d’identité ou prennent la fuite, grâce à des réseaux d’entraide qui leur permettent de gagner des pays sûrs, pour la plupart en Amérique latine. Ceux qui n’ont pas quitté l’Allemagne font valoir, quelques années après la fin de la guerre, leur statut de fonctionnaire. Ils sont réintégrés, souvent à des postes de commandement. Chez les Alliés, après quelques procès difficiles à instruire et quelques exécutions, le pragmatisme l’emporte. Bon nombre d’anciens de la Gestapo trouvent à s’employer dans les services secrets de divers pays. Au grand dam des chasseurs de nazis, comme Simon Wiesenthal, et de tous ceux qui n’acceptent pas que ces criminels échappent aux poursuites.
Le 93 rue Lauriston
A dix ans, on lui aurait donné le bon dieu sans confession.
Mon oncle Raymond Monange, enfant des banlieues, abandonna très jeune son métier de peintre en bâtiments à Montreuil pour celui plus lucratif de proxénète à Pigalle, puis gestapiste à la Carlingue. J’ai découvert un peu par hasard son histoire qui avait été soigneusement occultée par notre famille. Condamné une première fois, en 1931, pour proxénétisme, il choisit l’engagement aux Bats-d’Af pour échapper à sa peine. Il y connut à Tataouine tout le gratin du futur grand banditisme.
Après la fin de la drôle de guerre, il fit son entrée dans la bande à Lafont du 93 rue Lauriston et participa comme cadre, à la création de la Brigade nord-africaine, BNA, sous les ordres de Lafont, et équipé par Joanovici, aux exactions, sous l’uniforme allemand, contre les maquis de Tulle et Périgueux.
Impuni à l’issue de la fin de la guerre il reprit ses petites affaires ordinaires et fit quelques coups de main avec la bande de Pierre Loutrel alias Pierrot le fou. Il y retrouva ses anciens amis des Bats-d’Af Abel Danos et Jo Attia entres-autres. Arrêté un peu par hasard, sous une fausse identité, il fut identifié et inculpé pour intelligence avec l’ennemi. Condamné à mort, il fut fusillé au fort de Montrouge, le 13 mars 1952 en même temps que son complice Abel Danos. Obséquieux envers Abel Danos dit (Le Mammouth), dans le milieu, on appelait Raymond : (La Soubrette).
Histoire de La soubrette
Engagé volontaire à l’âge de 18 ans, dans la Légion Etrangère, il est mobilisé en 1939 comme sous-officier volontaire dans les Corps Francs, décoré de la croix de guerre, et cité à l’ordre du régiment.
Démobilisé, à la fin août 1940 il travaille comme peintre avec son père l’Auguste. Il retrouve Klen, d’origine allemande, qu’il avait connu avant la guerre aux Bats-d’Af, qui vit du produit de la prostitution et de trafics avec les Allemands. Monange d’après une de ses maîtresses aurait d’abord refusé de se mettre au service des Allemands.
Aux Bats-d’Af Raymond en 1933
Puis en janvier 1942 il est arrêté comme souteneur par la police française et condamné à un an d’emprisonnement par le tribunal correctionnel de la Seine il est relaxé par la cour d’appel de Paris.
Détenu à la Santé jusqu’en octobre 1942 il aurait été mis à la disposition des autorités allemandes et incarcéré à la section des détenus politiques. Ce serait sur l’intervention de Klen qu’il aurait été libéré en janvier 1943 de la prison du Cherche-Midi.
Il fêta sa sortie de prison au cours d’un festin avec Klen, sa maîtresse et deux autres prostituées, le même jour Klen lui remit la somme de dix mille francs en présence de son hôtelier qui connaissait déjà Klen comme un actif agent de la Gestapo. Celui se vantait d’avoir déjà été condamné à mort en 1940 par un tribunal militaire français pour sabotages et reconnaissait avoir largement mérité sa condamnation.
D’après cet hôtelier Klen avait sous ses ordres de nombreux souteneurs du quartier de Barbès dont Monange et leurs activités s’exerçaient particulièrement contre les israélites et dans les affaires d’or ou de bijoux. L’appartenance de Monange à la police allemande semble démontrée par un rapport rédigé de sa propre main le 26 novembre 1943 et adressé à son patron Klen dans les circonstances suivantes.
Le 26 novembre 1943 Monange est arrêté par la police française parce qu’il circulait sur la voie publique après l’heure du couvre-feu. Il exhibe alors un Ausweis délivré par la Gestapo de la rue des Saussaies, non validé pour la période présente.
Après avoir pris contact avec la Feldgendarmerie, la Police reçu l’ordre de le libérer à 5 heures du matin. Aussitôt après il relate l’incident dans un rapport adressé à son chef Klen, qui fut retrouvé au domicile de ce dernier, il y signale l’attitude germanophobe des policiers français et d’une autre personne retenue avec lui au commissariat.
L’hôtelier de Monange a reconnu formellement l’écriture de Monange sur ce rapport et signalé par ailleurs que Monange et Klen ont travaillé un certain temps ensemble, mais qu’ils se sont séparés par la suite, Monange reprochant à Klen de garder par de vers lui le produit de leurs perquisitions. Les deux hommes ne se cachaient nullement pour parler de leurs exploits en public et l’hôtelier vit à deux reprises Klen remettre dix mille francs à Monange.
C’est à la suite de leur séparation que Monange passe au service de Lafont-Chamberlain. Monange prétend qu’il passa au service de Lafont pour échapper au STO et au marché noir jusqu’à la fin mars 1944.
Sollicité alors par deux agents de la rue Lauriston il aurait été contraint de se rendre chez Bonny ou il fut présenté à Lafont, qui le mit dans l’alternative d’être remis aux autorités allemandes ou de servir en uniforme allemand, en qualité de sous-officier dans la légion nord-africaine qu’il venait de créer. Pour lutter contre le maquis dans la région de Limoges Tulle et Périgueux.
La brigade nord-africaine
Les quatre sous-officiers et officiers français, en uniforme allemand encadraient des hommes de troupes nord-africains habillés en costume de ski bleu marine. Leur solde était de 5000f par mois pour les hommes de troupe et de 5500f pour les caporaux, les armes étaient fournies par les allemands l’argent par les SS et l’équipement par Joanovici.
Le commandement fut confié à Lafont qui avait le grade de capitaine, Bonny était plus spécialement chargée des interrogatoires des patriotes arrêtés qui étaient contraints aux aveux sous l’action de mauvais traitements ou de la torture en baignoire. Nombre d’entre eux furent déportés, quelques-uns exécutés sur place. Des pillages de grande envergure furent organisés jusqu’à la fin 1944, terrorisant les habitants qui n’osèrent plus sortir de chez eux.
Le départ de Paris eut lieu le 11 mars 1944 et la légion fut divisée en cinq sections, une vers Montbéliard, l’autre sur Périgueux commandée par Villaplana, et les trois dernières sur Tulle sous le commandement de Lafont, le groupe de Tulle auquel appartenait Monange fut cantonné à l’hôtel St Martin. La femme de chambre de l’hôtel rapporte que Raymond aurait déclaré : « Pour moi plus il y a de bagarres, plus je suis content ».
Café de la Rotonde à Tulle : le 18 mars 1944 un groupe de cinq amis fête l’enterrement de la vie de garçon de l’un d’eux. Vers 15 heures survint un individu armé d’un revolver revêtu de l’uniforme allemand et accompagné d’un Nord-Africain qui fit sortir les consommateurs et les aligna sur le pont de la Vézère. Leur disant les bras levés ou je vous abats comme des chiens, il vérifia leurs papiers d’identités, en les injuriant et en frappant certains d’entre eux à coups de pied. Il les laissa se disperser. Sur présentation de sa photographie, Monange fut formellement reconnu en 1949.
Café le bon vin: deux résistants qui consommaient, dans ce café, le 18 avril 1944, furent appréhendés et conduits à l’hôtel St Martin, au vu de sa photographie, ils reconnurent Monange comme étant un de ceux qui avaient procédé à leur arrestation, puis à leur interrogatoire à l’hôtel St Martin. L’interrogatoire fut conduit par Monange avec beaucoup de brutalité, pour leur faire avouer où était l’emplacement d’un maquis, il les frappa à coups de poing et de cravache au visage et à la tête. Alors qu’un des membres de la légion tentait de le calmer, il s’écria : Ah vous ne savez pas ce que c’est que la Gestapo, et bien je vais vous l’apprendre moi. Aucun des deux résistants ne parla, un fut relâché après huit jours, l’autre fut enfermé au fort de Vincennes d’où il s’évada.
Le 18 avril 1944 vers 17 heures, Georges Bressoux., âgé de 24 ans, circulait à proximité de la gare de Tulle. Il fut abordé par deux individus qui lui demandèrent ses papiers. L’un d’eux était armé d’une mitraillette, l’autre portait un uniforme allemand c’était Monange, les papiers n’ayant pas paru en règle ils voulurent lui passer les menottes, il refusa en protestant de son innocence. Monange le frappa de ses poings et avec les menottes, pendant que l’homme en arme tirait une rafale de mitraillette dans ses jambes. Monange essaya de le remettre sur ses pieds, mais la victime était incapable de tenir debout. Il fut hospitalisé du 19 avril au 16 août 1944 pour fracture de la jambe droite par balles, blessures par balles à la jambe gauche et contusions à la tête par coups de crosse.
Le 19 mai 1948 il fut réformé définitivement, avec pension permanente. Son père a déclaré que, depuis cette époque, son fils ne jouissait plus de toutes ses facultés mentales, ses blessures ont provoqué chez lui des troubles cérébraux et de fréquentes pertes de mémoire. Avant cette agression, il travaillait à la préfecture de Tulle et, était promis à un brillant avenir, titulaire de ses deux bacs, il préparait sa licence en droit.
Madame Sol est arrêtée, à son domicile le 4 mai 1944 à Brive, par deux Allemands et deux Français de la Gestapo, dont Monange, qui lui volèrent une montre en or et un poste de TSF, au cours d’une perquisition, elle fut conduite à l’hôtel St Martin, et ne recouvra sa liberté qu’au bout de trois semaines. Au cours de son transfert Monange lui décrivit les supplices qui seraient infligés à son mari, résistant, en cas d’arrestation : ongles et yeux arrachés, oreilles coupées, sans compter le reste, il ajouta que dans trois mois les maquis auraient disparu grâce à l’énergie de la répression.
Les époux Rheims qui faisaient partie de la résistance furent arrêtés le 6 mai 1944 à Bessac en Corrèze par des agents de la gestapo, détenus pendant quatre mois à la prison de Limoges, ils furent libérés par l’avance alliée, confrontés avec Monange, ils le reconnurent formellement comme un de ceux qui avaient participé à leur arrestation et qui assuraient leur garde.
Monange quitta Tulle, à la fin mai 1944, sur l’ordre de Lafont pour arriver à Périgueux, pour prendre le commandement de la légion nord-africaine, comme lieutenant, en remplacement de Villaplana. Son arrivée à Périgueux a été marquée par une plus grande activité dans la lutte contre la résistance par des opérations menées par la légion ou la police allemande. Le Pc de la légion était situé au siège de la BNCI de Périgueux, tous les témoins entendus indiquent que le chef était le lieutenant Raymond.
Une vingtaine d’otages furent fusillés à Brantôme par un peloton d’exécution de la légion nord-africaine, commandés par un sous-officier, la présence en leur seing de Raymond n’est pas établie.
En juin 1944 à Mussidan 49 otages furent fusillés par un peloton de Nord-Africains en présence de cinq ou six Français en uniforme allemand, nul doute que le responsable de la brigade, Raymond ait été absent.
Le 20 juin 1944 au Château de la Feuillade, ou trois maquisards trouvèrent la mort, le même jour au Château Levêque et à la chapelle Gonnagay où plusieurs patriotes furent arrêtés la présence de Raymond est établie. Le sieur Pasquier, instituteur arrêté par Monange, ce jour-là a confirmé la présence de Raymond, au cours d’une halte à la Chapelle Gonnagay, Monange lui avait déclaré : Je suis le chef de la légion arabe, je n’ai pas peur du maquis, d’ailleurs j’ai appartenu à la Légion Étrangère.
Madame Godichon atteste la présence du lieutenant Raymond vers 11 heures au village de Pessard, commune de Château-Levêque qui fut encerclé par la brigade nord-africaine, pendant que Raymond se livrait à une fructueuse perquisition chez les Coraval, les deux Allemands de la Gestapo interrogeaient le père, la mère, la fille. Ils fusillèrent le père et arrêtèrent la fille qui fut conduite dans un des camions de l’expédition. Vers 15 heures, Raymond se trouva à la Chapelle Gonnagay où furent arrêtées deux autres personnes dont le sieur Rate qui eut sa maison pillée.
Ce même jour, Madame Lagarde, garagiste est sommée d’ouvrir son garage, accusée de sabotage et malmenée, pendant qu’un jeune passant voulant prendre sa défense est roué de coups. Furieux de ne pouvoir dépanner leur voiture, Raymond et un certain Willy qui l’accompagnait tirent des coups de revolver dans les fenêtres avant de se retirer.
Le 19 juin 1944 un veilleur de nuit de l’hôpital de Périgueux fut arrêté par Raymond, dans un café sous prétexte d’avoir insulté la police allemande. Giflé et battu tant par Raymond que par ses Nord-Africains, il fut gardé pendant quatre heures à leur PC.
Arrêtée le 10 juillet 1944 Madame Bernard fut conduite devant Monange qui l’interrogea sur le maquis dont son mari devait faire partie. Comme elle ne répondait pas de manière satisfaisante, après l’avoir menacée de son revolver, il la frappa d’un grand coup de nerf de bœuf au visage, puis il lui remit le canon de son revolver sur la tempe comme elle persistait dans son silence, il lui dit : Ton mari est mort, je te le montrerai.
L’interrogatoire dura encore une heure et demie en présence de la sœur de Madame Bernard. Elles furent enfermées toutes deux dans une étroite cellule durant 3 jours, attenante au bureau de Monange. Ceci leur permit d’entendre un interrogatoire d’une extrême violence, ou un homme qui devait appartenir au maquis d’Hercule était sommé d’en indiquer l’emplacement.
Les deux femmes affirment que Raymond était déchaîné pendant que la personne arrêtée poussait des hurlements suivis de gémissements plaintifs, puis était conduit à la douche d’où elle sortait au bout d’une heure claquant des dents et paraissant épuisée. De là elle fut conduite à un autre étage.
Le 9 juillet 1944 Monange perquisitionne chez les époux Pradier avec quelques hommes dans l’espoir d’arrêter leur fils. Ils revinrent à plusieurs reprises sans trouver le jeune homme qui avait rejoint le maquis. Ils firent main basse sur divers objets et sur une somme de 500 F. Un soir Monange menaça Madame Pradier en ces termes : Si vous ne voulez pas me dire où est votre fils et bien je le tuerai et je viendrai vous dire Madame, j’ai tué votre fils .
Le 6 juin 1944 Monange tenta d’arrêter Madame Gilles dont le fils et le mari avaient rejoint le maquis, il déclara à ses employés. Il me faut la patronne morte ou vivante, il visita les pièces, revolver au poing et brutalisa une servante. Il revint le surlendemain et porta des coups à une bonne qu’il fit rouler dans l’escalier.
À Périgueux, Monange voulut réquisitionner un gardien de la paix de service en ville afin de l’obliger à escorter un de ses détenus à la prison. Devant le refus de ce dernier, il le désarma, l’arrêta et ne le relâcha que sur l’intervention du brigadier de police qui échangea avec lui des propos assez vifs. Il concevait ainsi ses relations avec la police française, Vous êtes tous à notre disposition et vous devez savoir que nous pouvons agir sur vous comme bon nous semble Ce brigadier remarqua que Monange avait les mains pleines de sang, venant, parait-il de corriger des nord-africains.
Le 10 août 1944 Monange rédige un rapport à l’intention du général Arndt, lui signalant la désagrégation de la légion nord-africaine par suite de nombreuses désertions.
Il est arrêté le 31 octobre 1946, il tente de faire usage d’un pistolet dont il était porteur et opposa une vive résistance aux agents chargés de l’arrêter. Il possédait une fausse carte d’identité et de faux certificats de la Résistance.
Il fut condamné le 3 janvier 1947 par le tribunal correctionnel de la Seine à quatre mois d’emprisonnement pour port d’arme prohibée et rébellion. On découvrit lors de sa détention ses activités de Gestapiste. Il fut transféré à la prison de Fresnes dans l’attente de son procès.
Procès, Cour de Justice de la Seine du 13 au 17 mai 1949
Entre le 16 juin 1940 et la date de la libération entretient, étant français une intelligence avec l’ennemi, condamne Raymond Alfred Monange à la peine de mort, prononce la confiscation des biens divis ou indivis présents et futurs, constate qu’il est en état de dégradation nationale.
Condamné Abel Danos aux mêmes peines.
Condamné Paul Victor à 20 ans de travaux forcés.
Un recours en grâce a été dressé le 27 juin 1949, pour Monange, par Maître Yvonne Pige
L’avocat de Danos interjette appel.
Le 22 décembre 1950 un courrier du directeur des grâces indique que l’arrêt Danos a été cassé le 4 mai 1950 et ordonne un supplément d’information. Le 29 décembre 1950 Raymond Monange est à Fresnes. Le 24 février 1951 un courrier indique que la décision concernant Monange est suspendue durant l’information supplétive de Danos.
En janvier 1951, l’assistante sociale de Fresnes demande un meilleur régime pour Danos et Monange, depuis deux ans et demi ils portent les chaînes et ne peuvent plus cantiner, ils demandent une nourriture améliorée comme les années précédentes.
Le 30 mai 1951, une note du ministère de l’intérieur informe la prison d’un projet d’évasion avec complicité extérieure, un revolver serait déjà en leur possession et qu’un second doit leur parvenir prochainement.
La grâce présidentielle est problématique, Danos est actuellement poursuivi devant plusieurs parquets pour assassinats et vols qualifiés il est spécialiste de l’évasion, il s’est enfui de Fresnes en février 1942 et du dépôt de la préfecture de police en janvier 1945, il a trois meurtres d’agent de la force publique à son actif (Signé commissaire Chenevier).
Le 17 décembre 1951 une lettre signale une grève de la faim commencée le 6 décembre 1951, et terminée le 17.
Le 27 février 1952 un décret de Vincent Auriol refuse la grâce.
Le 14 mars 1952 à 7 h 26 Raymond Monange et Abel Danos sont passés par les armes au fort de Montrouge.
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