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HISTORIQUE DE LA RESISTANCE

FRANCE ÉTÉ 1940

 

La France de l'occupation 1940-1944

En 1940, la France subit les conséquences d'un véritable effondrement national. Elle est désormais occupée, sur près des 2/3 du territoire, par l'armée allemande, dont la mission est de (maintenir l'ordre) et "d'utiliser les ressources du pays pour les besoins de la Wehrmacht et de l'économie de guerre allemande". Le gouvernement français, dirigé par le maréchal Pétain et qui siège à Vichy, est reconnu par l'Allemagne et l'ensemble des grands pays (sauf l'Angleterre) comme le gouvernement légal de la France. Il entreprend très rapidement une refonte totale des institutions du pays. Cette Révolution nationale établit au régime dictatorial et d'une société hiérarchisée où toute l'autorité émane du Maréchal, présente comme le Sauveur, apte notamment à protéger les Français face aux exigences allemandes.

 

Juin 1940, le drapeau nazi flotte sur Paris sous l'occupation.

Les Français perdent ainsi toutes les libertés acquises au cours de l'histoire. En même temps, en zone nord, l'omniprésence du drapeau à croix gammée rappelle durement l'humiliation subie et la perte de l'indépendance nationale.

C'est le refus d'accepter cette situation qui va conduire des hommes et des femmes à engager, volontairement, sous des formes diverses, ce combat qu'on appellera la Résistance.

 

 

Premiers pas de la Résistance
été 1940 - été 1941

 

Affiche apposée sur les murs de Londres en juillet 1940. Cet "appel aux armes" est bien souvent confondu avec celui du 18 juin 1940 uniquement lu à la BBC.

La Résistance commence très modestement. Elle se crée, en effet, dans un pays désorganisé, traumatisé, pris en main durement par l'occupant nazie et Vichy.

Les premiers actes de résistance, au moment même où s'installe la Wehrmacht, sont individuels et spontanés : coups de colère, sabotages (coupures de fils téléphoniques), ramassage d'armes abandonnées, aide fournie à ceux qui sont particulièrement menacés : prisonniers de guerre, ressortissants britanniques, Alsaciens et Lorrains qui refusent la germanisation).

Puis vient le temps de construire des fondations : chercher ceux qui sont susceptibles d'agir, s'organiser clandestinement, déterminer l'action à entreprendre.

Affronter directement la Wehrmacht est naturellement impossible sur le territoire français. C'est en Angleterre que va d'abord se reconstruire une armée française, à l'initiative du général de Gaulle : les F.F.L. (Forces Françaises Libres) qui entament le combat dans l'Empire.

 

Montoire, le 24 octobre 1940, Hitler et Pétain se rencontrent sur la ligne de démarcation et officialisent la collaboration entre les deux états.

Sur le territoire français, les premières formes de résistance sont variées, en rapport avec la personnalité, l'expérience, les conceptions philosophiques et politiques des résistants de la première heure.

Cependant, sous une forme embryonnaire, la plupart des actions de résistance sont présentes : contacts avec les services de renseignement anglais ou de la France Libre, filières de passage et d'évasion, mise en place d'instruments de combat. Le plus caractéristique, cependant, est sans doute le refus de la mise au pas, par la réactivation des pratiques démocratiques interdites.

 

Affiche de l'occupant, 1940.

C'est le cas, notamment, en milieu ouvrier. Pour se défendre contre la dégradation dramatique des conditions de vie et de travail, se forment, sous l'impulsion des communistes, des Comités Populaires engageant actions revendicatives, grèves, organisant des manifestations (notamment de femmes) ; actions totalement interdites et vigoureusement sanctionnées car si modestes soient-elles, elles brisent le calme social indispensable à la réussite des projets allemands et vichystes.

 

Annonce publique de la condamnation à mort du général de Gaulle par un tribunal militaire de l'Etat Français. In, Le Petit Dauphinois, 3 août 1940.

La naissance d'une presse clandestine est, dès le début, un aspect essentiel de la Résistance. Ordonnances allemandes et lois françaises interdisent et sanctionnent l'expression de toute pensée libre. Pour contrer la désinformation, les mensonges, les illusions, massivement répandus par les radios et les journaux légaux, les résistants vont braver la répression pour faire entendre la parole clandestine. Aux émissions en français de la B.B.C., s'ajoutent des feuilles volantes, diverses plus ou moins permanentes, dont certains constituent déjà de véritables périodiques.

 

Brochure officielle de l'occupant établissant la liste de tous les livres interdits, septembre 1940.

Emiettée, fragile, exploratoire, cette première Résistance apparaît très modeste. Elle est pourtant décisive car elle dresse les premiers obstacles à l'exploitation et à la résignation du peuple français. Et les deux grandes actions qui se déroulent dans cette période montrent bien les potentialités du mouvement qui naît : le 11 novembre 1940, à Paris, où s'affirme l'esprit de résistance et les convergences possibles entre courants différents ; la grève des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais, qui a mobilisé toute une population, et montre l'importance du front économique et social dans le combat national.

 

Annonce de la condamnation des mineurs arrêtés pendant la grande grève des mineurs du Nord et du Pas de Calais en mai et juin 1941. Affiche de l'occupant, juin 1941.

 

Au tournant de la guerre
été 1941 - hiver 1942/43

 

La Résistance va se développer en rapport avec l'évolution de la guerre, qui se répercute aussi en France.

Le premier verrou est franchi avec le premier grand tournant de la guerre. L'agression allemande contre l'U.R.S.S. (22 juin 1941, puis l'agression japonaise contre les Etats-Unis (8 décembre 1941), changent les dimensions et la nature de la guerre : l'Allemagne nazie doit désormais affronter une coalition d'Etats puissants qui combattent pour la liberté des peuples et des nations. Dans cette coalition, la France est représentée par le C.N.F. (Conseil National Français) créé, à Londres, le 24 septembre 1941) par le général de Gaulle et les F.F.L.

En France, où la situation paraissait bloquée, le nouveau cours de la guerre suscite l'espoir avec la perspective d'un affaiblissement de l'Allemagne. En même temps, il clarifie la situation politique : Vichy s'engage à fond aux côtés de l'Allemagne nazie dans la croisade contre le bolchevisme.

 Il en résulte un durcissement du régime, un renforcement de la dictature et l'accentuation de la collaboration. L'image lénifiante et rassurante du Maréchal commence à se désagréger.

Dans ce climat politique nouveau, la Résistance prend de l'audace. L'aspect le plus spectaculaire est la lutte directe contre l'appareil militaire allemand ; actions de harcèlement entamées par les groupes armés du P.C.F. (sabotages, attentats contre les militaires allemands) qui vont constituer les F.T.P.

Parallèlement, se poursuit un lent travail de recrutement et de structuration qui fortifie les organisations de résistance et étend leur influence : émergence de grands mouvements, renforcement des partis politiques clandestins (essentiellement le parti communiste et le parti socialiste), reconstitution d'un mouvement syndical combatif. A Londres, le général de Gaulle crée un Comité National Français (C.N.F.), embryon d'un gouvernement provisoire face à Vichy.

 

En même temps, entre des forces qui restent dispersées, différentes et même parfois opposées, commencent à se tisser des liens. Ainsi, entre le C.N.F. et certaines organisations de résistance (avec, notamment, l'aide de Jean Moulin) s'établissent des contacts militaires (création de réseaux de renseignement) et politiques.

En France, les convergences fondamentales s'expriment, notamment, dans la célébration du 14 juillet 1942, référence commune à la tradition patriotique et républicaine ancrée dans la Révolution française. L'horreur des grandes rafles de l'été 1942 provoque l'indignation même dans certains milieux attachés à la Révolution nationale (premières protestations publiques d'évêques). Les organisations juives (M.O.I. - O.S.E. - œuvre de secours aux enfants) montent une vaste opération de sauvetage des juifs, en premier lieu des enfants, désormais arrêtés et voués à la déportation. Des connexions multiples s'établissent aussi avec des organisations non juives (notamment en milieu protestant et catholique), en même temps que s'étendent les solidarités individuelles. Ainsi, le combat contre l'antisémitisme est une motivation supplémentaire pour la Résistance et un facteur de sa coordination.

Ces progrès, encore lents et hésitants, mais réels, se heurtent à une répression qui prend dès le début un caractère terroriste. Quasi quotidiennement, sont publiés dans la presse les (Avis) allemands annonçant les condamnations par les tribunaux militaires et les exécutions. Les exécutions d'otages commencent le 6 septembre 1941 et prennent le caractère de massacres collectifs à partir d'octobre 1941.

La déportation des résistants, dans les camps de concentration nazis, est décidée en même temps que s'organise la déportation systématique des juifs. Le gouvernement de Vichy met sur pied des justices d'exception (les sections spéciales contre l'activité communiste ou anarchiste) qui permet d'éliminer tous ceux que Vichy nomme les saboteurs de l'ordre français.

 

Les forces répressives de Vichy, considérablement renforcées, jouent un rôle essentiel dans la traque des résistants et des juifs ; et, dans les camps d'internement français, l'occupant peut puiser ceux qu'il va fusiller ou déporter. La collaboration entre services français et allemands (ces derniers placés sous l'autorité du S.S. Oberg) est officialisée par les accords (août 1942) entre Oberg et Bousquet (secrétaire général à la Police dans le gouvernement Laval). L'année 1942 est sans doute l'année la plus dure pour la Résistance, dans une situation où le rapport des forces demeure dramatiquement en faveur de l'ennemi. Mais les points marqués par les résistants sont déjà solides.

 

Photographie de la rencontre à Paris entre Pierre Laval, chef du gouvernement, et le général SS, Carl Oberg, à la tête de toutes les polices allemandes en France depuis avril 1942. Il va perfectionner la collaboration des polices vichystes et allemandes avec René Bousquet, secrétaire général à la police.

La Résistance à l'offensive
1943 – 1944

 

Le tournant des années 1942-1943 est aussi celui de la guerre, où le rapport des forcesbascule en faveur des Nations Unies. Le débarquement américain en Afrique du Nord (8 novembre 1942) permet aux alliés de prendre pied dans la zone méditerranéenne, en ligne de mire, l'Italie mussolinienne (débarquement en Sicile, et en Italie du Sud, juin-juillet 1943). A l'Est, la Wehrmacht ne se relèvera pas du désastre subi à la bataille de Stalingrad (qui se termine le 2 février 1943).

Ces changements décisifs se répercutent fortement en France. En Afrique du Nord, libérée en mai 1943, peut se reconstituer, surtout avec des levées d'hommes dans l'Empire, une armée française importante. Engagée dans les opérations alliées en Afrique, puis en Italie, elle renforce le poids de la France dans l'issue de la guerre.

En France même, la situation change. Dans une guerre où les destructions s'accumulent, l'Allemagne augmente considérablement ses exigences. Le pillage systématique de toutes les ressources françaises et une répression de plus en plus lourde font monter la haine envers l'occupant.

En même temps, le discrédit du gouvernement de Vichy s'accélère. L'acceptation sans résistance, par Pétain, le 11 novembre 1942, de l'occupation de toute la France, les lois et l'appareil répressif qui fonctionnent pour l'occupant, montrent la satellisation du gouvernement français. Parmi les cadres de l'Etat, certains se désengagent et même passent à la Résistance (notamment des officiers).

Dans le basculement lent et progressif des Français en faveur de la Résistance, le combat contre le pillage de la main d'œuvre joue un rôle essentiel.

La livraison, exigée par l'Allemagne, de centaines de milliers de travailleurs est organisée par le gouvernement de Vichy : les lois du 4 septembre 1942 et du 17 février 1943 imposent le service du travail obligatoire (S.T.0.). La mise en esclavage des hommes au service de l'ennemi provoque indignations et oppositions. Les organisations clandestines se mobilisent pour impulser la désobéissance, sous le mot d'ordre commun pas un homme pour l'Allemagne. Grèves et manifestations s'opposent aux départs ; des complicités sont acquises dans l'administration ; des fichiers sont détruits. Il faut aussi cacher des milliers de réfractaires recherchés par les polices françaises et allemandes. C'est à la solidarité de la population qu'il est fait appel ; pour les aider et les protéger. Ainsi, se tissent entre la population et la résistance organisée des liens qui élargissent la dynamique du combat national. De plus, les réfractaires réfugiés dans les maquis, peuvent, équipés et encadrés par les groupes armés existants, s'intégrer dans la lutte armée.

C'est à ce moment que la Résistance atteint sa maturité. Le 27 mai 1943 est constitué le C.N.R. (Conseil National de la Résistance). Pôle de coordination de l'ensemble des forces de la Résistance, le C.N.R. va dynamiser, à l'échelle nationale, le combat libérateur.

En même temps que les alliés, sur tous les fronts, forcent l'Allemagne à la retraite, la Résistance prend en France une ampleur nationale. Le combat militaire, coordonné en janvier 1944 dans les F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur) occupe désormais une place de premier plan : guérilla urbaine, petits maquis mobiles pratiquant la guérilla, grands maquis prévus comme môle de résistance (Glières) ; les sabotages dans les transports et l'industrie se généralisent dans les entreprises et prennent des formes spectaculaires (notamment dans les chemins de fer).

 

 

Cependant, toutes les autres formes d'action progressent aussi. Le monde ouvrier est en effervescence permanente. Les actions revendicatives et les grèves qui se succèdent et se relaient freinent le pillage, renforcent la combativité et l'organisation (réunification de la C.G.T.). Dans la population, on constate l'élargissement de la désobéissance aux autorités et, en même temps, le développement des solidarités, avec la multiplication des gestes individuels d'aide et de protection envers les résistants. L'ampleur et les aspects nouveaux des manifestations traduisent l'élévation de la combativité et la force retrouvée du sentiment national.

L'occupant entreprend, avec fureur, de disloquer ce front intérieur. Aux forces allemandes, toutes mobilisées- y compris la Wehrmacht - s'ajoutent les polices de Vichy désormais aux mains des éléments fascistes et ultra collaborateurs (la Milice). A la répression ordinaire exécutions et déportations s'ajoutent les tortures systématiques dans les prisons, les exécutions sur place des résistants arrêtés. Fait nouveau, se développe une terreur de masse qui frappe la population : exécutions et destructions de villages dont Oradour sera l'exemple le plus célèbre.

Mais l'ennemi ne parviendra pas à stopper la montée de la Résistance qui pourra jouer tout son rôle dans la libération de la France.

 

 

 

 

 

Coordonner
 la Résistance

La Résistance est plurielle. Chaque organisation a ses caractéristiques propres ; les conceptions du combat, les visions de la France libérée y sont différentes, parfois opposées. Cependant, sous des formes diverses, leurs actions ont comme objectif la reconquête de l'indépendance nationale. Ce fil conducteur commun se révèle de plus en plus dans la presse clandestine et les émissions françaises de la B.B.C., ainsi que dans certaines actions patriotiques (ainsi les 14 juillet).

Le processus de rapprochement s'accélère en 1943. L'oppression et l'exploitation du pays par l'occupant atteignent un degré insupportable, dont le S.T.O. donne la mesure, au moment où le gouvernement de Vichy s'enfonce totalement dans la collaboration. A cette véritable destruction de la nation française, la Résistance doit faire face. Elle doit devenir une force offensive d'ampleur nationale.

Il faudra des mois pour que réticences et oppositions soient surmontées au cours de multiples (et dangereux) contacts où Jean Moulin joue un rôle essentiel. La réunion du C.N.R., le 27 mai 1943, sous la présidence de Jean Moulin, traduit la réussite de l'opération. Les 16 représentants des principales organisations clandestines ont mission de diriger la lutte du peuple français sur son propre sol, en liaison avec le C.N.F. que préside le général de Gaulle (dont Jean Moulin est le délégué).

 

Enfin, dans son programme d'actions de la Résistance, adopté à l'unanimité, le 15 mars 1944, le C.N.R. définit les conditions d'une véritable libération nationale. Son programme d'action immédiate appelle à l'engagement massif des Français dans un combat immédiat, incessant, et multiforme. Les mesures à appliquer pour la libération du territoire dessinent, dans les domaines politiques, sociaux, économiques, les traits d'une République nouvelle, profondément démocratisée.

 

 

Témoignages

Jean Moulin

Le mérite de la création du CNR revient sans aucun doute à Jean Moulin qui, lorsqu'il se rendit à Londres et rencontra le général de Gaulle, proposa à ce dernier de lui confier la tâche de rassembler en son nom toutes les forces de la Résistance. De Gaulle qui était très loin de partager les idées politiques de Jean Moulin accepta néanmoins, car cet homme lui inspirait de l'admiration par sa détermination à vouloir se battre jusqu'à la victoire. Jean Moulin sut obtenir les moyens nécessaires à la réussite de son entreprise. Jean Moulin repartit en France dûment mandaté et chercha ses collaborateurs parmi ceux qui travaillaient avec lui alors qu'il était chef de cabinet du ministre radical Pierre Cot, lors du Front Populaire en 1936. C'est ainsi que Frédéric-Henri Manhès, Robert Chambeiron et moi-même furent contactés par Jean Moulin, fidèles à notre pensée politique, nous nous sommes unis au service de la Résistance.
 

Première réunion : 27 mai 1943

Le Conseil se réunit en séance plénière le 27 mai 1943, chez un ami de mon frère, M. R. Corbin, 48 rues du Four. Seuls connaissaient l'adresse Moulin et les secrétaires. Des rendez-vous furent donnés en divers points de Paris, les uns devant informer les autres. Ils se rencontrèrent donc par groupes de deux ou trois et s'acheminèrent vers le lieu connu de l'un d'eux. C'est Meunier et Chambeiron qui avaient organisé ces rencontres. Ces précautions étaient indispensables pour qu'il n'y ait pas de fuites. Aussi les divers membres arrivèrent à peu de minutes de distance et se rencontrèrent au premier étage, dans la salle à manger de M. Corbin. Pierre Meunier m'a dit qu'il avait su après coup que le concierge de l'immeuble ou de celui d'en face était un agent de la Gestapo. Le danger, pour les Résistants, était à chaque coin de rue. Heureusement, ce jour-là, rien ne fut éventé.

La coordination

Septembre 1943. C'est à l'âge de trois ans que la Résistance a atteint sa majorité. Cette date a été marquée par l'autorité prise par le Conseil national de la Résistance et les comités qui en dépendent. Tout ce qui avait été fait par chacun servait dorénavant à tous, que ce soit sur le plan de l'organisation pure, sur le plan de l'action ou sur le plan des doctrines et de la politique. Cela ne suffisait pas, certes, à mettre tout le monde d'accord et à permettre à chacun de parler au nom de tous. Mais cela permettait déjà de dégager sur beaucoup de points une majorité devant laquelle chacun devait s'incliner. Cela permettait de faire un tout d'efforts qui, précisément parce qu'ils avaient été ou peu épars, portaient chacun la marque, plutôt que d'une tendance, d'une préoccupation dominante qui, d'ailleurs, provenait souvent de recrutements différents donnant à chaque groupe des possibilités différentes. Enfin, cela permettait de ne plus diviser les résistants de même origine que des occasions particulières avaient conduits à adhérer à des groupes distincts, en même temps que cela réunissait des résistants d'origine diverse. Et l'on ne saurait dire lequel des deux était le plus important.
Maxime Blocq-Mascart, Chroniques de la Résistance, Paris, 1945.

 

L'organisation

Vaille que vaille, une organisation un peu bâtarde fut mise sur pied. Un bureau permanent fut institué ; il comprenait, autour du président, Pierre Villon pour le Front National, Saillant pour la C.G.T. (alors de tendance socialiste), Pascal Copeau pour Libération, et enfin Blocq-Mascart soudain revenu de ses sentiments d'hostilité ! Le Conseil fut divisé en quelque sorte en cinq sections de trois membres, les membres du bureau permanent jouant le rôle de président et de porte-parole de deux délégués qui ne participaient pas au bureau permanent. Les désignations se firent par affinités. A l'époque je regrettais la rareté des séances plénières du C.N.R. et la méthode qui allait se développer d'échanges de notes. J'en conviens aujourd'hui qu'elle assure un maximum de sécurité : des seize membres fondateurs seuls Simon (O.C.M.), Coquoin (C.D.L.L.), Claude Bourdet (Combat) tombèrent dans les filets de la Gestapo, mon ami Claude étant heureusement sorti vivant de l'épreuve des camps. Le secrétariat de Bidault, porteur de nos papiers, connut une seule chute. Le manque de contacts directs entre les seize n'était pas sans inconvénients, il figeait les positions, il prolongeait longuement les discussions entre sections, occasionnant une considérable perte de temps. Il laissait enfin au bureau une autonomie que certains jugèrent excessive. Entre deux maux, j'estime aujourd'hui que nous avons choisi le moins mauvais. Cette procédure à plusieurs degrés n'empêcha pas le C.N.R. de faire du bon travail.

À l'appel du C.N.R. 11 novembre 1943 à Digoin.

En 1943, nous étions trois communistes dans une petite usine de céramique à Digoin, dans la Saône-et-Loire. Trois communistes militants, mais pas mal de sympathisants. Les ouvriers avaient gardé le souvenir des luttes et des grèves de 1936. Le 11 novembre, nous avons lancé, nous les communistes, le mot d'ordre d'une manifestation à l'intérieur de l'usine et d'une grève d'une heure et demie, de 10 heures à 11 h 30. On a défilé dans la cour de l'usine en criant (1918 -1918). Un camp du génie était juste à côté. Seule la ligne de chemin de fer Moulins-Paray nous en séparait. Les Allemands étaient sur le château d'eau du camp et nous défilions face à eux. Ils n'eurent pas de réaction. Même les employés de l'usine avaient quitté leurs bureaux pour assister au défilé. Cette manifestation eut beaucoup d'écho dans la ville. Très vite, dans l'usine, se constitua un syndicat et, le 30 novembre, un cahier de revendications était déposé sur le bureau du directeur. Il en devint aussi pâle que les éviers qu'on lui fabriquait.
Il nous a dit : C'est très bien, je vous ferai appeler pour vous donner ma réponse.
 

À l'appel du C.N.R. 11 novembre 1943 à Renault Billancourt

A cette époque, je travaillais aux usines Renault à Billancourt, place Nationale, en qualité de tourneur professionnel, après y avoir été apprenti. Vers la fin octobre 1943, je me suis mis en liaison avec le Parti par l'intermédiaire d'un camarade. Dans mon secteur, je syndique une douzaine de personnes. Dans d'autres ateliers, des copains, en liaison avec moi, travaillent de même. Divers tracts clandestins nous sont remis et distribués dans l'usine, entre autres le Métallo, la Vie ouvrière, Résistance ouvrière. Le 11 novembre 1943, sans préliminaire, grève générale d'une heure chez Renault. Dans mon secteur, avec un camarade, nous faisons débrayer notre atelier, et contribuons à en faire débrayer d'autres. Ce fut une réussite. Nous avons déployé un drapeau tricolore sur la façade principale. Il y est resté toute la journée.

 

Les manifestations

 

La Résistance qui s'ébauche dans les premiers mois de d'Occupation s'efforce de trouver des formes d'actions adaptées à la pauvreté des moyens dont elle dispose. Manifester est une façon de montrer son refus de l'occupation et de la collaboration, d'affirmer son attachement aux valeurs patriotiques et républicaines.

 

La première grande manifestation en zone nord se déroule à Paris le 11 novembre 1940. Depuis juillet, les étudiants et les lycéens multiplient les actions ponctuelles contre la politique d'épuration du corps enseignant et de l'enseignement entreprise par Vichy et par l'Occupant. L'interdiction de toute célébration le 11 novembre 1940 est l'élément déclencheur : des milliers de jeunes convergent vers la place de l'Etoile. La répression est sévère.

Ce même jour, plusieurs puits de mine du Nord-Pas-de-Calais sont en grève. En effet, le bassin minier est un autre espace de revendication. Avant même la grande grève des mineurs de mai-juin 1941, de multiples arrêts de travail et des manifestations de femmes révèlent la mobilisation populaire contre la politique de collaboration économique avec l'Occupant. Bien que suscitées par des organisations de mieux en mieux structurées, dotées de publications et de capacités de diffusion de plus en plus perfectionnées, les manifestations des années d'Occupation témoignent constamment d'un engagement qui dépasse largement les seuls résistants. Malgré les risques encourus (la répression est rigoureuse dès les premiers mois et se durcit considérablement par la suite), les participants sont nombreux.

En zone sud, le 14 juillet, férié mais interdit de célébration, demeure une date de commémoration républicaine et patriotique grâce à l'organisation de manifestations sans rassemblement et silencieuses. En zone nord, des drapeaux tricolores sont apposés sur les bâtiments publics et les monuments aux morts. La mobilisation est importante, particulièrement en 1942 et 1943. Le CNR démontre son influence en appelant à manifester le 11 novembre 1943 : le mouvement est d'ampleur nationale et s'accompagne de nombreuses grèves. Durant toute la guerre, le 1er mai reste l'occasion de montrer son attachement à la fête des travailleurs et au mouvement social, malgré la volonté du régime de Vichy de lui substituer la Saint-Philippe, illustration du culte du Maréchal.

Les protestations peuvent se développer en dehors de ces dates symboles, en réaction aux décisions de l'Occupant allemand ou de l'Etat français. Dès 1940, des prises de paroles tentent de sensibiliser la population. En 1941, des manifestations de femmes sont organisées dans la banlieue parisienne pour demander la libération des prisonniers de guerre. En 1942, des étudiants parisiens arborent une étoile de David fantaisiste pour dénoncer les mesures antisémites (ce qui leur vaut un internement de trois mois à Drancy). En 1943, des rassemblements tentent de bloquer les trains du STO en partance pour l'Allemagne (comme à Montluçon et à Romans). En mai 1944, des femmes de Marseille manifestent pour plus de pain et contribuent au déclenchement d'une grève générale.

Toutes les occasions de montrer son désaccord sont exploitées : des sifflets accompagnent la diffusion des actualités cinématographiques pro-allemande, les affiches de l'Occupant ou de l'Etat français sont systématiquement détériorées, le public assiste en nombre aux enterrements des résistants fusillés ou des aviateurs alliés abattus, etc.

Ces démonstrations populaires, collectives ou individuelles, revendiquées ou anonymes, répondent à la propagande nazie ou collaborationniste qui veut faire croire à l'adhésion massive de la population française. Elles soulignent que la population n'est plus dupe : au cours des années, elle est passée d'un attentisme prudent à une passivité bienveillante puis, à partir de 1943, à une complicité de plus en plus active. Cette évolution explique la participation générale au soulèvement national de l'été 1944, stimulée par les multiples appels à la mobilisation et facilitée par la déliquescence des forces de répression, encore capables cependant des pires exactions. La ferveur des défilés de la Libération n'en sera que plus intense.

Première arme  de la Résistance

LA PRESSE CLANDESTINE

Première arme de la Résistance

L'occupant et l’État français détiennent le monopole de la parole. Faire entendre une,  parole différente est donc, une condition pour développer l'esprit de résistance et organiser la lutte du peuple français pour sa libération.

Seule capable matériellement de toucher l'ensemble de la population française, la radio peut combattre l'ennemi à armes presque égales. Dès la mi-juillet 1940, quotidiennement, on peut entendre à la BBC deux émissions françaises, Honneur et Patrie et Les Français parlent aux Français.

Le poids de la presse clandestine est d'un autre ordre. Elaborée sur le terrain, expression directe de la variété des situations et de la diversité des opinions, elle dénonce, elle argumente en temps réel au plus près des problèmes de la population. Signe visible de la Résistance, la parole clandestine mobilise et recrute chaque jour de nouveaux combattants. Nombre des Mouvements de résistance des plus importants naissent autour d'un journal clandestin, tels défense de la France ou Combat.

La masse et la variété de la presse clandestine sont une des originalités de la Résistance française : plus de 1200 titres de journaux clandestins tirés à près de 100 millions d'exemplaires pendant les 4 ans d'occupation ; sans compter les centaines de milliers de tracts, de papillons, de brochures, d'affichettes ou les inscriptions murales.

Pour autant, la parution d'une feuille clandestine se heurte à des difficultés matérielles considérables. Les matériaux et les machines nécessaires à la fabrication sont rares et contingentés ; leur vente est étroitement surveillée par la police. Ceux-ci en outre doivent être camouflés dans des planques sûres. Les premiers procédés d'édition sont très simples : souvent le texte est écrit à la main, tapé à la machine ou polycopié en quelques exemplaires qu'on fait circuler. Cependant deux procédés sont particulièrement utilisés dans la production clandestine. L'imprimerie ronéo : de petites dimensions, ces machines s'installent sur une table et fonctionnent à la main. Le tirage peut atteindre les 700 à 800 exemplaires à l'heure. L'imprimerie typographique : seule celle-ci est capable d'effectuer les tirages de masse.

Quel que soit le procédé de fabrication employé, il faut donc du courage, de la ténacité, de l'ingéniosité, mais aussi l'établissement de tout un réseau de complicités, s'étendant au - delà du groupement clandestin publiant le journal.

 

L'importance de la répression est à la mesure du rôle essentiel de la parole clandestine. Les pertes subies, par ceux qui font vivre la presse clandestine pendant 4 ans, sont très lourdes, impossibles à chiffrer : combien de dactylos, de tireurs à la ronéo, de transporteurs, de distributeurs. Les travailleurs de l'imprimerie, maîtres et ouvriers, sont très durement touchés. Sur 1200 travailleurs du livre résistants, 400 ont été tués, exécutés ou déportés.

A la Libération, sortis de la clandestinité, un nouveau journalisme et une nouvelle presse contribuent de manière importante à un renouveau démocratique dans le pays.

 

L'armée des ombres

LA CLANDESTINITÉ

 

L'armée des ombres

 Sauter le pas pour entrer dans l'action résistante est la première difficulté. Ce peut être une rupture avec son propre milieu : le cas du général de Gaulle est, ici, exemplaire. Et puis, il n'est pas toujours facile de trouver le contact avec un groupe organisé. La plupart des résistants engagés dans l'action clandestine continuent à vivre et à travailler dans leur cadre habituel. Certains particulièrement recherchés, doivent devenir des clandestins complets, des illégaux.

 

Pour tous les résistants c'est l'ensemble de leur vie qui est bouleversée, en premier lieu, la vie de couple. Certes mari et femme - parfois enfants - travaillent de concert. Mais les choses se compliquent quand l'un des deux seulement est engagé ; les règles de prudence exigent la discrétion et peuvent mettre en cause la confiance mutuelle. Plus dure encore la séparation nécessaire pour le résistant ou la résistante qui doit devenir totalement clandestin, quitter son domicile, couper avec les siens. Dans la société française d'alors, le cas des femmes est particulièrement dramatique : le combat que la mère assume pour assurer l'avenir de ses enfants exige, dans l'immédiat, qu'elle les prive de sa présence, de son aide, de son affection ; et qu'elle se prive elle-même de la joie de les voir vivre et grandir.

 

Pour le clandestin, isolé de ses proches, privé de ses ressources habituelles, couvrir ses besoins les plus élémentaires pose des problèmes aigus.

Il lui faut trouver une planque, vivre sous une fausse identité et la carte d'identité est exigée à toute heure et en tout lieu. Impossible de se ravitailler sans cartes d'alimentation et sans inscriptions chez les commerçants, de se vêtir sans cartes spéciales, de se soigner sans risquer d'être découvert. À partir de 1942, avec le développement de la réquisition de la main-d'œuvre, sont exigées des cartes de travail.

 

La vie du clandestin dépend donc de l'aide des organisations de résistance. L'organisation de cette intendance sera pour la Résistance l'un des secteurs vitaux et décisifs de son action. Elle s'appuie de plus en plus sur les actes de solidarité de la population.

Illégaux ou légaux, les résistants, en s'intégrant dans un combat clandestin, entrent dans une vie où la menace de l'arrestation, de l'interrogatoire, de la torture, de l'emprisonnement et de la mort est suspendue sur eux. Ils sont en infraction permanente avec la loi : objets interdits (matériel d'impression, feuilles clandestines, postes émetteurs, faux papiers, armes, etc.) qui sont entreposés chez eux ou qu'ils doivent transporter ; un contrôle, une fouille, une perquisition, et c'est la chute. Tout déplacement peut être l'occasion d'une filature de police. Tout rendez-vous avec un autre résistant peut devenir une embuscade. Pourtant ces contacts réguliers assurés par des agents de liaison  souvent des femmes sont indispensables au fonctionnement de l'organisation. Des consignes strictes et minutieuses de vigilance sont mises au point. Leur application est loin d'être facile d'autant que dans certaines circonstances, la Résistance doit se découvrir : prise de parole, manifestations, distribution de presse, grève, actions armées contre les forces de l'occupant ou de l'État Français.

 

Ami entends-tu.

LUTTE ARMÉE

Si la Résistance est née partout, tout de suite, sur le territoire français, la lutte armée a mis du temps à prendre une forme organisée et efficace. Dès l'été 1940, quelques attentats sont commis contre les troupes allemandes, durement réprimés mais, durant cette période, ceux qui refusent la défaite, l'occupation ou la collaboration qui s'amorce préparent l'avenir en cachant les armes des militaires (en les ramassant et en soustrayant aux commissions de surveillance des clauses de l'armistice) et des civils (en cachant les armes de chasse réclamées et en ne livrant aux autorités que de vieilles pétoires).

 

Les premiers réseaux mis en place par les Britanniques et la France libre donnent la priorité à la recherche et la transmission de renseignements militaires. Les premiers mouvements s'organisent plutôt autour de la publication de journaux. Rapidement, la volonté d'attaquer directement les troupes allemandes et les forces qui collaborent avec elles s’imposent mais bute sur la difficulté à s'organiser, à trouver des soutiens et des armes dans un contexte de résignation et de désorientation.

 

Les communistes sont les premiers à se lancer dans l'action directe et systématique. En août 1941, Fabien tue un officier allemand dans le métro à Paris. D'autres attentats suivent qui entraînent la réplique violente et terrible des exécutions d'otages. La lutte armée n'est pas l'apanage des communistes, les noms des autres mouvements révélant leur volonté de passer à l'action directe (Franc-tireur, Combat, Vengeance, Valmy, etc.). En zone sud, l'Armée secrète est mise en place courant 1942, mais elle n'entre en action qu'à la fin de l'année. Les FTP du Front national assurent l'essentiel de l'effort pendant de très longs mois, prenant ses armes à l'ennemi pour continuer la lutte.

 

A la fin 1942 et au début 1943, des corps francs armés plus actifs se développent. Ils trouvent leur équipement au gré des circonstances et, de plus en plus, grâce aux parachutages organisés avec la complicité des agents de la France libre et du SOE britannique. L'instauration du STO en février 1943, donc l'obligation pour les jeunes hommes d'aller travailler en Allemagne, conduit nombre de réfractaires à chercher refuge dans les premiers maquis vite grossis par cette arrivée massive de rebelles le plus souvent inexpérimentés, qu'il faudra former et armer. En 1943-1944, les organisations armées se multiplient, la plupart menant une existence totalement clandestine, dans les zones rurales isolées comme dans les grandes métropoles. La guérilla urbaine, souvent prise en charge par des bataillons d'étrangers (comme les FTP de la MOI) afflige des pertes importantes à l'occupant et aux collaborateurs. Les maquis entretiennent des zones d'insécurité avec le soutien des habitants qui leur fournissent le ravitaillement.

 

 Les FFI parviennent cependant à libérer seuls le sud-ouest de la France et le Massif central. Ailleurs, ils apportent une aide précieuse aux troupes alliées. Le symbole de la Résistance en arme reste la libération de Paris : le 17 août, à l'appel du CPL, la grève générale se transforme en insurrection que l'arrivée des chars de Leclerc parachève le 25 août avec la capitulation des troupes allemandes.

 

Les FFI, souvent jeunes et mal armés, parfois mobilisés de la dernière heure, seront incorporés dans l'armée régulière de la France combattante et poursuivront jusqu'en Allemagne la lutte armée.

 

Reconstruire une armée française

Forces françaises libres

 

 

La Résistance extérieure naît le 18 juin 1940 avec l'appel du général de Gaulle, répondant au discours du maréchal Pétain de la veille en refusant l'armistice et en continuant la résistance militaire. De Gaulle est seul, même si le 28 juin le gouvernement britannique le reconnaît officiellement comme chef de tous les Français libres.

Les ralliements à de Gaulle sont d'abord limités. La plupart des militaires français réfugiés en Grande-Bretagne préfèrent l'Etat français né de la défaite à une France combattante siégeant à Londres. Les rares soutiens viennent de l'Empire. Des officiers (comme Leclerc) et des administrateurs (comme Eboué) conduisent l'Afrique occidentale dans le camp de la France libre dès août 1940 atténuant l'échec du débarquement à Dakar en septembre 1940. En 1941, la Nouvelle Calédonie, Tahiti, les possessions en Inde se rallient à leur tour, permettant à de Gaulle d'asseoir sa légitimité auprès des Alliés britanniques, puis américains et soviétiques. En décembre 1941, la France libre a une représentation diplomatique à Londres et à Moscou.

Les Forces françaises libres sont modestes. En 1941, elles regroupent les troupes de Leclerc au Tchad (qui s'illustrent à Koufra), quelques marins et quelques aviateurs en Grande-Bretagne et au Moyen Orient (après les opérations de Syrie). En juin 1942, la brigade de Koenig se distingue à Bir Hakeim. Ces forces s'étoffent après le débarquement en Afrique du Nord en novembre 1942. L'armée française issue de l'armistice hésite un moment entre l'obéissance au général Giraud, soutenu par les Américains et peu enclin à dénoncer le régime de Vichy, et le ralliement au général de Gaulle. Finalement, avec le soutien déterminant de la Résistance intérieure, c'est la seconde option qui l'emporte, permettant à de Gaulle d'écarter Giraud et de rester le seul interlocuteur des Alliés.

 

Dès 1943, les Forces françaises libres, équipées par les Américains, se battent avec les Alliés. Un effort de mobilisation permet de constituer une armée de 500 000 hommes, en grande partie constituée d'Algériens et de Marocains, sous le commandement de chefs ayant rompu avec Vichy (de Lattre de Tassigny, Juin). Cette armée est engagée en Italie à partir de 1943 puis en France en 1944 : la division Leclerc débarque en Normandie et l'armée dirigée par de Lattre débarque en Provence, la première participant à la libération de Paris, la seconde remontant au travers du sud-est du pays, délivrant Marseille et Lyon avec l'appui de la Résistance intérieure qui a déclenché l'insurrection nationale.

Au fur et à mesure de la libération du territoire français, les Forces françaises de l'Intérieur sont versées dans l'armée régulière pour accroître la place de la France au sein des armées alliées. En décembre 1944, Strasbourg est libéré, concrétisant le serment de Koufra de 1941. Les troupes françaises entrent au début 1945 en Allemagne, occupant le sud ouest du pays. Les 7 et 8 mai 1945, le général De Lattre peut signer l'acte de capitulation sans condition de l'Allemagne au nom de la France (à Reims puis à Berlin), car son armée, issue des FFL et des FFI ayant refusé l'armistice de 1940, a participé à la victoire finale aux côtés des Alliés. Le général Leclerc tient le même rôle le 2 septembre 1945 lors de la capitulation du Japon.

 

Défendre la culture

PENSÉE LIBRE

Le contenu de la culture nouvelle qu'il faut promouvoir est parfaitement exprimé dans le discours de Rosenberg, prononcé le 28 novembre 1940 à Paris, et largement publié sous le titre Sang et Or, Règlement de comptes avec les idées de 1789. Le nazisme, dans sa doctrine et sa pratique, est en effet l'antithèse des acquis de laGrande Révolution : le Führer à la place de la citoyenneté ; le racisme et l'exclusion à la place de l'égalité ; le totalitarisme à la place de la liberté ; la mystique à la place du rationalisme. La Révolution nationale, sur bien des points, va dans ce sens.

Pour mettre au pas les Français afin d'atteindre les objectifs immédiats et lointains assignés à l'occupation, la répression ne suffit pas. Il faut désarmer en profondeur les résistances en rendant acceptable, voire même enviable, le national-socialisme. L'occupant met en place immédiatement un vaste dispositif chargé de distiller dans l'opinion les mérites du nazisme, et d'orienter toute la vie culturelle française : la cheville ouvrière en est l'ambassade d'Allemagne à Paris (Abetz). "L'Institut allemand" nourrit revues, expositions, rencontres, échanges, etc. Le mouvement Collaboration, que préside Alphonse de Châteaubriant, directeur du journal la Gerbe, multiplie les groupes réunissant surtout les notables.

La première riposte à cette opération de rééducation est donnée par le philosophe communiste, Georges Politzer, dans une brochure clandestine publiée en 1941 (Révolution et Contre-révolution au 20ème siècle, Réponse à Or et Sang de M. Rosenberg). La dénonciation des entreprises visant à briser la culture, la critique systématique du nazisme et du vichyste seront particulièrement développées dans certaines publications clandestines. Les unes s'inscrivent dans les combats antifascistes des années 1930 : l'Université Libre (1er numéro, novembre 1940) fondée par Georges Politzer ; Les Lettres Françaises fondées par Jacques Décours (1er numéro, 1942).

Dans cette bataille idéologique, les organisations clandestines juives, notamment celle de la M.O.I., ont un rôle constant. Elles dénoncent le soi-disant caractère scientifique du racisme et l'utilisation de l'antisémitisme comme moyen d'intoxication et de division des peuples par leurs oppresseurs (Brochure de Gronowski L'antisémitisme, le racisme, le problème juif, novembre 1941).

D'autres naissent dans certains milieux chrétiens qui, avant-guerre, avaient déjà alerté sur le caractère profondément anti-chrétien du nazisme ; ainsi naissent dans la région lyonnaise, en novembre 1941, les Cahiers du Témoignage Chrétien.

Dans la nuit des prisons

CAMPS ET PRISONS

 

Dès leur entrée en France, les Allemands emprisonnent tous ceux qui d'une manière ou d'une autre s'opposent à leur progression puis à leur présence. L'Etat français après l'armistice multiplie les internements, ajoutant ses propres prisonniers à ceux enfermés par la Troisième République (allemands antifascistes ou dirigeants communistes par exemple). Près de 900 lieux de détention permanents ou provisoires (camps d'internement, prisons, centrales, forteresses, camps de transit, etc.), gérés le plus souvent par l'administration pénitentiaire française, sont utilisés en France (zone nord et zone sud) et en Algérie. Poussant au plus loin la logique de la collaboration, l'Etat français n'hésite pas à livrer ses prisonniers aux Allemands (détenus politiques livrés comme otages à fusiller, internés juifs voués à la déportation vers l'Est).

Au sein des Mouvements ou des institutions religieuses et caritatives, des structures de solidarité sont créées. Les organisations juives s'efforcent de sauver les enfants, avant les rafles (avec l'aide de non-juifs) et dans les camps d'internement, particulièrement dans le sud de la France. Les familles et les amis des résistants arrêtés refusent d'abandonner leurs proches et s'efforcent de leur fournir du ravitaillement, des vêtements propres et des nouvelles, les avocats jouant dans ce domaine un rôle non négligeable. Les complicités intérieures facilitent les contacts : les autorités allemandes se méfient de plus en plus de l'attitude des gardiens français.

Les détenus eux-mêmes tentent de faire front. La reconnaissance du statut de prisonniers politiques permet d'améliorer la situation des résistants internés en les distinguant des prisonniers de droit commun : le respect des gardiens et les responsabilités administratives confiées à certains détenus améliorent le sort de tous et aident à l'organisation clandestine. Partout, la solidarité est une manière de ne pas abdiquer face à l'oppression : le partage d'un colis, les plaies pansées après la torture, un regard échangé pour rompre l'isolement entretiennent l'espoir.

Dans un grand nombre de prisons et de camps, les informations circulent sous forme de feuillets manuscrits plus ou moins élaborés. Une vie intellectuelle se maintient derrière les barreaux, rendue plus intense par l'engagement de ceux qui savent que la mort est au bout du chemin : les récitations de poèmes, les cours improvisés, les représentations théâtrales parfois, font oublier un court instant que le combat pour la vie est toujours plus difficile.

Les déportés des camps de concentration tenteront, dans des conditions plus épouvantables encore, de maintenir cet esprit de résistance, rendu presque impossible avec l'épuisement par le travail, la faim permanente et la déchéance physique et morale.

Quand les circonstances le permettent, des évasions sont tentées. Les transferts offrent des opportunités, mais des détenus parviennent à s'échapper depuis les prisons ou les camps mêmes, les complicités extérieures étant déterminantes dans la plupart des cas.

La liberté n'est cependant pas au bout du chemin pour des dizaines de milliers de prisonniers. Les exécutions et les déportations déciment régulièrement la population des camps et des prisons. La Marseillaise qui retentit alors derrière les portes des cellules et des baraquements est un ultime encouragement à ceux qui vont mourir ou disparaître dans la nuit et le brouillard.

Pour le pain  et la liberté

LUTTES SOCIALES

En août 1944, les employés de l'usine Genève à Ivry, qui ont réalisé des dizaines d'arrêt de travail sous l'occupation, se rassemblent pour préparer l'insurrection. L'issue paraît assez proche pour qu'on puisse se laisser photographier. C'est un des militants les plus actifs, Truquet, qui tient l’appareil et à qui nous devons ce document exceptionnel.

Le front intérieur qui se construit en France comme dans l'ensemble des pays occupés n'a rien à voir avec les fronts d'une guerre classique. Dès le début, le terrain des luttes sociales est primordial dans le combat national. Toute action revendicative - débrayage, ralentissement des cadences, grève perlée ou ouverte - affaiblit la production au profit de l'Allemagne, freine la dégradation des conditions de vie des travailleurs, et ébranle la résignation. Dès l'été 1940, et durant les 4 années d'occupation, dans les deux zones, les exemples sont innombrables. Cependant par l'ampleur du nombre de grévistes (100 000), la durée (1 mois), les pertes économiques subies par l'occupant (500 000 tonnes de charbon), la grève des mineurs des bassins du Nord et du Pas-de-Calais en mai - juin 1941 demeure exemplaire. Toute action populaire contre le chômage, contre la vie chère, les difficultés de ravitaillement - pétitions, manifestations - fait obstacle au pillage allemand en même temps qu'elle protège la vie des Français. Dans ces initiatives, la mobilisation des femmes est importante et prend de plus en plus un caractère de masse. Ainsi, en mai 1944, à Marseille, les femmes déclenchent des actions revendicatives qui se transforment en un mouvement insurrectionnel. En relation avec le Service du travail obligatoire (STO) se développent des refus concertés. Les manifestations à Montluçon ou à Romans qui permettent la fuite des travailleurs requis en empêchant le départ des convois pour l'Allemagne ne sont ni uniques, ni isolées. Les traditions de lutte et d'organisation de la classe ouvrière constituent la base d'une véritable résistance ouvrière.

Dans les deux zones, cette résistance est animée essentiellement par le Parti communiste et des Comités populaires qu'il impulse, et par des syndicalistes cégétistes, tel Christian Pineau, qui refuse la politique antisyndicale du gouvernement de Vichy. Les syndicats se reconstituent clandestinement, particulièrement par la CGT réunifiée en 1943. En zone sud, des Mouvements développent aussi l'action dans les entreprises: Libération avec le Mouvement ouvrier français (MOF), Combat avec l'Action ouvrière. A la campagne, le pillage de l'occupant et le carcan bureaucratique et étatique de l'Etat Français réactivent les traditions ancestrales des luttes paysannes: refus des réquisitions des récoltes et du bétail, de l'alourdissement de l'imposition, du dirigisme des corporations. Cette résistance s'intègre à la Résistance en général, notamment par l'aide aux maquis et aux réfractaires au STO.

 

Ces mouvements revendicatifs apparaissent au premier plan dans les préoccupations de l'occupant et du gouvernement de Vichy. La répression où collabore souvent patronat et police est systématique et sans cesse aggravée, même si parfois des concessions sont jugées nécessaires pour éviter le pire. Cette inquiétude n'est pas vaine. Coups d'épingles multipliés ou actions plus audacieuses, ces luttes obstinées affaiblissent en permanence le potentiel économique de l'Allemagne, conjuguant leurs effets à ceux des sabotages et à ceux des bombardements.

 

En outre, elles enracinent en milieu populaire un esprit de refus et de combativité qui isole de plus en plus l'occupant et l'État Français, et qui constitue un tremplin pour l'essor général de la Résistance. La CGT et la CFTC sont d'ailleurs membres fondateurs du Conseil national de la Résistance (CNR).

Libérer la France

LA LIBÉRATION

 

Il s'agit d'abord d'affaiblir les forces ennemies pour gêner leurs contre-offensives : sabotages des communications (la bataille du rail) ; harcèlement et division des armées allemandes par la guérilla et les opérations des maquis. Sur le front même, les groupes de résistance fournissent renseignements et guides. En amont, ils nettoyant le terrain, permettant aux armées des avancées spectaculaires : ainsi, en Bretagne (libérée en 5 jours) et dans le Sud-Est, où l'armée du général De Lattre est littéralement aspirée dans la vallée du Rhône par la Résistance. Celle-ci, d'ailleurs, va libérer seule près de la moitié de la France dans le Centre et le Sud-Ouest.

 

Mais cette bataille de la France n'est pas livrée par les seuls militaires. L'intervention massive des civils donne à l'action l'allure d'un soulèvement national : manifestations patriotiques bravant les ennemis et confirmant la mobilisation populaire qui porte en avant la Résistance (14 juillet 1944) ; mouvements de grèves s'épanouissant en grève générale et paralysant l'appareil économique de l'ennemi ; la population peut aussi s'agréger à la lutte armée (sabotages, coup de main, barricades). Paris offre l'exemple le plus remarquable de ce processus conduisant à l'insurrection libératrice.

 

La participation du peuple français à sa propre libération n'a pas seulement contribué à accélérer la défaite allemande. Elle a permis d'installer en France, à la place de Vichy, le personnel et les institutions républicains préparés auparavant.

 

MANIFESTATION DU 11 NOVEMBRE 1940

Paris, automne 1940. La France est vaincue. Philippe Pétain rencontre Hitler à Montoire. La défaite prend un visage, celui d'un Paris occupé où déambule l'occupant, et où les panneaux de signalisation des grands lieux de la capitale sont rédigés en allemand. L'ennemi est là. Ce n'est plus celui des communiqués officiels de la drôle de guerre, ni celui d'une propagande abstraite. Il est présent physiquement même s'il se veut discret et Korrect. Son dispositif d'oppression et de pillage se met en place avec la complicité de Vichy : censure, interdiction, saisies, installation d'un institut allemand qui donne la ligne ; épuration raciale et politique à l'initiative de l'État français ; attaques de la République, mise en cause de ses valeurs par les idéologues du nazisme et de la Révolution Nationale. Que faire ? Le choc de l'exode et de la défaite imprègne les esprits, le nazisme semble triompher partout. C'est dans ce cadre que se situe la première grande action de Résistance. Quelles en sont les origines, le déroulement, les conséquences?

 

Des gestes individuels, des regroupements manifestent une variété de réactions : certains strictement nationalistes et/ou patriotiques (refus de l'occupant et de considérer la défaite comme définitive) ; d'autres intègrent la dimension républicaine et antifasciste (dénonciation des idéologies nazies et de la Révolution Nationale, de la perte des libertés, de la répression.). Un vent de fronde souffle au quartier Latin et dans les lycées. Depuis la réouverture de la Sorbonne, lancers d'œufs pourris, inscriptions, papillons et tracts laissés dans les livres ou les fichiers (des bibliothèques), manifestations de petits groupes exhibant fièrement deux cannes à pêche (de Gaulle), des bagarres dans les cafés, lancer de tracts par des jeunes communistes le 31 juillet dans le grand amphithéâtre ; répondent à la présence allemande jusque dans l'université, et dénoncent la propagande de Vichy contre l'esprit critique et scientifique, l'humanisme et la laïcité. L'enseignement de professeurs à l'encontre des nouveaux dogmes, continue de transmettre ces valeurs (Gadrat et Favreau à Louis-le-Grand; Maublanc et François à Henri IV; Angrand à Carnot ; Decourdemanche à Rollin; Husson à Pasteur; Lablénie à Janson-de-Sailly; Charmoillaux à Versailles). Des intellectuels communistes (Danielle Casanova, Georges Politzer, Jacques Solomon, Pierre Villon) impulsent la naissance du journal clandestin l'Université Libre, tandis que l'union des étudiants et des lycées communistes (U.E.L.C.) reconstituée diffuse, sous le manteau, La Relève. D'autres groupes se forment comme Maintenir autour de l'étudiant Claude Bellanger. Certaines organisations étudiantes restées légales ou tolérées (corporation de Lettres ou de Droit, Union Nationale des Étudiants) deviennent des foyers de rencontre pour tous ceux qui participent de cette mobilisation sourde. Deux événements concomitants vont libérer brusquement cette énergie potentielle: l'arrestation du professeur Langevin et l'interdiction des célébrations traditionnelles de la fête nationale du 11 Novembre.

 

L'annonce de l'arrestation par la Gestapo, le 30 octobre, du professeur Langevin (professeur au Collège de France, physicien mondialement connu, figure du Front Populaire) entraîne une riposte publique immédiate. Un comité de soutien large se constitue. Un tract clandestin de l'U.E.L.C. appelle à une manifestation le 8 novembre. Un autre, tiré sur la ronéo du centre d'entraide (Claude Bellanger), rédigé par François Lescure (président de l'U.N.E.) et Roger Marais (Corporation Lettres) lance le même appel, complété par un autre à manifester le 11 novembre à l'université et dans les grandes écoles. Dans le même temps, les médias aux ordres martèlent l'interdiction faite par l'occupant et par Vichy de célébrer la fête nationale marquant la victoire sur l'Allemagne en 1918. La manifestation pour la libération de Langevin a lieu dans un quartier Latin. En état de siège. Fort de ce résultat, le soir même, lors d'une réunion du groupe Maintenir, à laquelle ils ont été invités, François Lescure et Roger Marais rédigent le tract d'appel à la manifestation du 11 novembre à l'Arc de Triomphe, texte qu'ils ronéotypent, à nouveau, au centre d'entraide. Dès le lendemain, il est largement diffusé dans les établissements secondaires et supérieurs de la capitale.

Dans le même temps, le 10 au soir, sur les ondes de la B.B.C., Maurice Schumann, porte-parole de la France Libre, conclut son message par un appel pour le 11 novembre à tous les français à "sur les tombes de vos martyrs, renouvelez le serment de vivre et de mourir pour la France". Cette même volonté de manifester ce 11 novembre est aussi présente chez de nombreux étudiants et surtout lycéens le plus souvent de tradition nationaliste. Tract, appel de la B.B.C., bouche à oreille, concourent à une mobilisation qui voit ainsi converger pour la première fois des individus et des groupes venus d'horizons divers. Par petits groupes, en chantant la Marseillaise, en criant Vive de Gaulle, ou en lançant des slogans hostiles à l'occupant et à Pétain, ce sont des milliers de jeunes qui montent à l'Étoile le soir du 11 novembre 1940. Appuyant la police française, les troupes nazies chargent. La répression est violente. Le nombre des blessés est inconnu. On dénombre plus de cent arrestations. L'Université est fermée, le recteur Roussy est révoqué. Les responsables des organisations étudiantes sont convoqués par le directeur de l'Institut Allemand qui, menaçant, leur reproche de compromettre l'œuvre de collaboration de Pétain.

Le 11 novembre au matin, sur les Champs-Elysées, les membres du groupe du Musée de l'Homme fleurissent la statue de Georges Clémenceau. Toute la journée, des grèves importantes paralysent les bassins miniers du Nord et du Pas-de-Calais. A Rouen, à Dijon, à Nantes, des gestes de jeunes font aussi événement. Enfin, coïncidence symbolique, Vichy révoque ce jour le préfet républicain Jean Moulin.

 

La résistance

La manifestation du 11 novembre, à Paris, surgie de l'université parisienne est la première grande action à résonance nationale de la Résistance française. De ce jour, pour un grand nombre de français, la collaboration apparaît pour ce qu'elle est : synonyme de répression et de complicité avec l'occupant. C'est un signal pour engager d'autres combats.

 

Le nombre des Résistants français

Voilà encore une estimation qui conduit régulièrement à des débats et discussions vives. Les chiffres avancés varient de 300 000 à 500 000 résistants pour l’année 1944.

Robet O. Paxton donne le chiffre de 300 000 cartes de combattants délivrées : 130 000 à des Déportés, 170 000 à des Combattants Volontaires de la Résistance. Il ajoute les 100 000 qui sont morts au combat pour approcher le total des résistants actifs ou reconnus comme tels, ce qui donne environ 2% de la population française. Il faudrait cependant prendre en compte les 10% de sympathisants qui lisaient les journaux clandestins et acceptaient de prendre un risque léger. C’est ce que fait Jean Pierre Azéma en chiffrant Résistants (230 000 cartes) et sympathisants actifs à un ordre d’environ un million.

Officiellement, le Secrétariat d’Etat aux Anciens combattants et Victimes de guerre prend en compte, pour le calcul des droits à la retraite, les services accomplis dans la Résistance après l’âge de seize ans. Les services rendus dans la Résistance doivent avoir duré au moins trois mois avant le 6 juin 1944 et avoir été homologués ou prouvés par deux témoignages circonstanciés établissant sur l’honneur la réalité ainsi que la durée de l’activité accomplie émanant de personnes notoirement connues dans la Résistance.

Selon une discussion au Sénat, un peu plus de 260 000 cartes de Combattant Volontaire de la  Résistance ont été délivrées jusqu’en 1996. Le chiffre est proche de celui des 230 000 cartes retenu couramment et tient certainement compte des cartes distribuées tardivement.

Toutefois, il est important de rappeler que tous les résistants n’ont pas sollicité la reconnaissance nationale, beaucoup sont morts ( déportés, fusillés ou morts au combat), certains n’ont pas pu faire "homologuer" leurs actions.

 

Les Médaillés de la Résistance

A Londres, par ordonnance n° 42 et par décret n° 774 du 9 février 1943, le Général de Gaulle institue la Médaille de la Résistance Française, destinée à reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l’Empire et à l’étranger, auront contribué à la Résistance du peuple français contre l’ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940 .

L’ordonnance du 7 janvier 1944 précise qu’il s’agit des personnes ou collectivités françaises qui ont :

1. pris une part spécialement active depuis le 18 juin 1940 à la Résistance contre les puissances de l’Axe et leurs complices sur le sol français ou en territoire relevant de la souveraineté française,

2. pris une part effective importante au ralliement de territoires français ou rendu des services signalés dans l’effort de guerre de ces territoires,

3. joué un rôle éminent à l’étranger dans la propagande et dans l’action des organisations destinées à grouper et à soutenir les efforts de la Résistance,

4. rallié les troupes, les navires ou les avions dans des conditions exceptionnelles de difficultés ou de dangers,

5. rejoint les Forces Françaises en guerre dans des conditions particulièrement dangereuses et méritantes. Cette ordonnance a été complétée par l’ordonnance du 2 novembre 1945 qui a créé la Médaille de la Résistance avec rosette dont les titulaires recevaient le titre d’Officier de la Résistance (4.345, soit environ 10 % du chiffre total d’attribution).

Les Médaillés de la Résistance Française, au nombre de 43.000 environ, dont 19.000 à titre posthume, groupent les plus méritants des membres des Forces Françaises Libres, des Forces Françaises Combattantes et des Forces Françaises de l’Intérieur. Parmi eux, 10 % de femmes et 55 collectivités.

Enfin, de 1941 à 1946, date de la fin de l’attribution de la Croix, 1.059 Croix de la Libération ont été attribuées. Le nombre limité de Compagnons ne fait alors que souligner leur valeur exemplaire.

 

L’aide aux personnes persécutées et pourchassées en France

Elise Rivet,Mère Marie Elisabeth de l’Eucharistie, Juste parmi les nations  

 15 août 1944 - Duerne - Un parachutage tragique. Pour compléter, on lira avec profit le livre de Joseph Besson - Bertrand, Chronique des années sombres, 1940-1944. Secteur de St-Symphorien-sur-Coise, Imprimerie des Monts du Lyonnais. Saint-Martin-en-haut. 1983 ou dans Les Chapeliers de Rodolphe, Clément Fereyre, Lyon 1988, les souvenirs des Anciens du G.M.O. Liberté qui se rattachent à cet accident et à ce sauvetage.

Entre 1934 et 1945, plusieurs familles juives ont été hébergées à Mornant. Le 13 mai 2007, en souvenir et en remerciement, les personnes recueillies ont tenu à offrir une plaque commémorative à la commune. Contacter la Mairie de Mornant.  A partir de la biographie du commandant Mary-Basset, on peut approfondir son action dès 1940 dans les réseaux de Chalon-sur-Saône, comme le réseau Brandy : Dès 1940, dans la région de Chalon-sur-Saône, il a rejoint l’un des premiers réseaux de Résistance. De nombreux prisonniers évadés, agents de la France Libre, pilotes alliés ont franchi grâce à lui la ligne de démarcation. Arrêté par la Gestapo en 1942.

 

 André RomanetLe temps de la Comète - Souvenirs et réflexions d’un instituteur engagé, Instituteur à Salles en Beaujolais avant et pendant la guerre, André Romanet a recueilli et caché des enfants juifs et de résistants et, dès l’automne 44, a organisé (avec Y.FARGE) l’accueil et l’hébergement dans plusieurs villages d’enfants, dont principalement MEGEVE, des enfants orphelins, déplacés, en mauvaise santé. Il a été nommé Juste parmi les nations.

 

Le Chambon sur Lignon, terre d’accueil et de sauvetage pour un grand nombre de victimes de la guerre, est le symbole de l’opposition des protestants vis-à-vis du nazisme et de l’antisémitisme. est difficile à ignorer. De nombreux sites évoquent le souvenir des Justes du Chambon comme celui du Musée protestant de la Fondation Chambon ou Dominique Natanson.

 

Georges Loinger, passeurs d’enfants. Originaire de Strasbourg, Georges Loinger a contribué à sauver de nombreux enfants vers la Suisse, avec le maire d’Annemasse, Jean Deffaugt, et l’aide de cheminots.  



15/02/2013
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