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LA RÉSISTANCE EN ALLEMAGNE 3e partie

L’orchestre Rouge

Arvid et Mildred Harnack

Au début des années 30 se formèrent des cercles de résistance autour du conseiller supérieur du gouvernement et scientifique Arvid Harnack et du lieutenant Harro Schulze-Boysen, employé au ministère de l'aéronautique. Ces deux cercles, qui rassemblaient une centaine d'opposants au régime nazi, se rejoignirent à la fin des années 30, et formèrent ainsi l'Organisation Harnack / Schulze-Boysen, qui fut nommée par la Gestapo l'Orchestre Rouge (Rote Kapelle). 

Harros et Liberta Schulza-Boysen

Les membres de cette organisation, unis par leur volonté de mettre fin au régime nazi et à la guerre, venaient d'horizons divers et de couches sociales différentes. Leurs activités étaient multiples. Pour attirer l'attention de la population allemande sur le caractère criminel du régime nazi, ils écrivirent de nombreux tracts et les distribuèrent. Grâce à la diversité de ses membres, le groupe put se procurer maintes informations sur les crimes et les projets du régime nazi, dont il voulait faire part à la population.

Mais le travail de résistance de ce groupe ne se limitait pas aux tracts et aux affiches. Lorsque les résistants apprirent le projet nazi de conquérir l'Europe, ils en avertirent les pays menacés. Ils informèrent entre autres l'Union soviétique de l'attaque imminente de la Wehrmacht, mais ils ne furent pas pris au sérieux. A partir de la fin de l'année 1941, ils coopérèrent avec les bureaux des renseignements soviétiques à Paris et à Bruxelles, sans pour autant devenir des agents soviétiques et perdre leur indépendance, comme les autorités nazies l'ont prétendu par la suite. L'organisation souhaitait plutôt œuvrer pour une Allemagne socialiste mais souveraine.

Le travail du groupe consista alors à rassembler des informations, à rédiger des tracts, à les reproduire et à établir le contact avec d'autres groupes de résistance à Berlin, à Hambourg, en Allemagne centrale et en Bavière. Le groupe réussit ainsi à élargir la zone de distribution de ses tracts, et parvint même à en envoyer aux soldats du front. Pendant l'hiver 1942, il entra en contact avec le groupe de résistance La Rose Blanche à Munich par l'intermédiaire du frère d'Arvid Harnack, Falk Harnack, qui rencontra des membres de ce groupe.

Outre le travail visant à informer la population allemande des crimes commis par le régime nazi, en particulier dans les territoires occupés à l'Est, l'organisation œuvrait de toutes ses forces pour la défaite militaire de l'Allemagne nazie. Dans ce but, ils transmirent des secrets militaires à l'URSS par radio, à l'aide d'émetteurs fournis par les renseignements soviétiques. Les transmissions présentaient un grand risque, et les résistants devaient toujours changer très rapidement de lieu d'émission pour ne pas être découverts par la Gestapo. La maintenance et la réparation des émetteurs-radio posaient de grands problèmes. Les membres du groupe organisèrent des rencontres avec des agents parachutistes soviétiques qui pouvaient alors effectuer les réparations les plus compliquées.

A la fin de l'année 1942, l'organisation fut démantelée par la Gestapo, et 119 personnes furent arrêtées. 50 personnes furent condamnées à mort et exécutées.

Le groupe de résistance La Rose Blanche fut fondé au printemps 1942, à l'université de Munich, par Hans Scholl et Alexander Schmorell.

Alexander Schmorell

Hans et Sophie Scholl, Christoph Probst

Les jeunes étudiants refusaient d'accepter le totalitarisme dans lequel avait sombré l'Allemagne, et voulaient sauvegarder leur indépendance d'esprit face au nihilisme intellectuel que représentait le nazisme. Ils parlèrent de la situation politique avec Kurt Huber, professeur à l'université de Munich, réputé pour ses cours de philosophie qui impressionnaient et influençaient beaucoup les étudiants. Kurt Huber les encouragea à résister et devint le mentor de la Rose Blanche.

Révoltés par  la dictature hitlérienne et les souffrances causées par la guerre, les étudiants se décidèrent à agir pendant l'été 1942. Hans Scholl et Alexander Schmorell rédigèrent les quatre premiers tracts ; ils les envoyèrent par la poste de la fin du mois de juin à la mi-juillet à des destinataires soigneusement choisis à Munich, principalement des intellectuels. Les étudiants se référèrent dans leurs tracts à d'éminents penseurs et écrivains comme Schiller, Goethe, Novalis, mais aussi Lao Tseu, Aristote, et citèrent également la Bible. Les destinataires de ces tracts, pour la plupart écrivains, professeurs d'université, directeurs d'établissements scolaires, libraires et médecins de Munich et de ses environs, étaient censés reproduire les tracts et les envoyer au plus grand nombre possible de gens. 

En juillet 1942, Hans Scholl, Alexander Schmorell et Willi Graf furent incorporés dans la Wehrmacht en tant qu'étudiants en médecine,  pour servir comme infirmiers au front de l'Est ; ils furent envoyés en URSS pour trois mois. De retour en Allemagne, ils prirent contact avec d'autres groupes de résistance. Hans Scholl et Alexander Schmorell se mirent ainsi en relation avec Falk Harnack, le frère d’Arvid Harnack, l'un des dirigeants de l'organisation Harnack-Schulze-Boysen. Pendant l'hiver 1942-1943,  lorsque la bataille de Stalingrad atteignit son paroxysme, les étudiants rédigèrent avec leur professeur Kurt Huber le cinquième tract de la Rose Blanche. Des milliers d'exemplaires furent imprimés et distribués non seulement à Munich, mais aussi à Augsbourg, Francfort, Stuttgart, Salzburg, Linz et Vienne.

Les étudiants écrivirent sur les murs des slogans pacifistes et antifascistes, collectèrent du pain pour des détenus de camps de concentrations et s'occupèrent de leurs familles. Les actions de la Rose Blanche furent prises en exemple à partir de janvier 1943 par des intellectuels du sud de l'Allemagne et de Berlin. Leurs tracts furent également recopiés et distribués à Hambourg par un groupe de jeunes gens en contact avec la Rose Blanche, qui s'était constitué autour de Hans Konrad Leipelt, étudiant en chimie. En février 1943, après la défaite de Stalingrad, Kurt Huber rédigea le sixième tract. Il fut imprimé à plus de 2 000 exemplaires, distribué et envoyé par la poste. Le 18 février 1943, Hans Scholl et sa sœur Sophie lancèrent des centaines de tracts dans la cour intérieure de l'université de Munich ; le concierge les arrêta et les livra à la Gestapo. Ils furent condamnés à mort, car leurs appels au ressaisissement éthique des consciences allemandes furent considérés par les nazis comme un crime politique majeur. Le réseau de Hambourg fut lui aussi démantelé par la Gestapo à l'automne 1943. Hans et Sophie Scholl, ainsi que Christoph Probst, un autre membre du groupe, furent guillotinés le jour même de leur condamnation, le 22 février 1943 ; d'autres résistants, Alexander Schmorell, Willi Graf et le Professeur Kurt Huber furent exécutés quelques mois plus tard. Dix autres membres de la Rose Blanche furent assassinés les années suivantes, dont huit à Hambourg. 80 personnes furent arrêtées dans le sud de l'Allemagne, et 50 personnes dans la région de Hambourg ; elles furent condamnées à des peines de prison allant jusqu'à cinq ans, pour avoir été en contact avec la Rose Blanche.

Le cercle de Kreisau

Le cercle de Kreisau était un cercle de discussion et de réflexion constitué d'amis unis par le rejet du régime hitlérien et soudé par la volonté de préparer le renouveau de l'Allemagne post-hitlérienne. Il comptait, de 1938 (depuis la crise des Sudètes) jusqu'à l'attentat du 20 juillet 1944, vingt membres actifs et environ vingt sympathisants. Son nom de cercle de Kreisau, qui lui a d'ailleurs été assigné par la Gestapo, se réfère au lieu de rencontre du cercle de discussion, le domaine de la famille von Moltke, situé à Kreisau, en Silésie, où se sont réunis de 1940 à 1943, pour réfléchir aux mesures à prendre contre le régime nazi et à une nouvelle Allemagne après la dictature, des fonctionnaires, des ecclésiastiques des deux confessions chrétiennes, des officiers ainsi que des politiciens sociaux-démocrates et conservateurs. Une grande partie des membres du cercle avait appartenu à des mouvements de jeunesse qui mettaient l'accent sur le dialogue entre les générations et les différentes couches sociales, en organisant des camps et des activités en plein air qui permettaient aux enfants de fréquenter des gens de tous les milieux et de tous les âges. Cette expérience a donné à ce cercle son profil caractéristique, qui consistait en la consultation mutuelle de personnes issues d'horizons divers, en un échange alliant expérience et idées progressistes.

Helmut James Graf von Moltke

Le cercle a été créé par Helmut James Graf von Moltke, petit-neveu du Feld-maréchal du XIXe siècle. Sa mère étant originaire d'Afrique du Sud, il a reçu une éducation de tradition britannique. Il s'est intéressé très tôt, pendant sa jeunesse passée à Berlin, à des problèmes sociaux, ce qui lui a valu le surnom de comte rouge. Il s'est engagé entre autres dans les camps de travail volontaires en Silésie, sensés ouvrir le dialogue entre les différentes couches sociales et les générations. Von Moltke fit des études de droit, mais refusa après la prise du pouvoir d’Hitler en 1933 un poste de juge, préférant être actif en tant qu'avocat et essayer d'agir contre l'injustice et les jugements arbitraires, en offrant son aide juridique à ses amis et connaissances juifs. Sa mère l'incita à aller en Angleterre pour entrer en contact avec des amis de sa famille, et il y passa des examens qui lui permirent d'ouvrir un cabinet d'avocat en Angleterre et de conserver ainsi des contacts dans le monde libre.

Von Moltke, qui n'hésitait pas à énoncer ses critiques ouvertement, condamna dès le début l'ascension et la prise du pouvoir d’Hitler. Le régime nazi allait à l'encontre de sa vision du monde humaniste fondée sur l'éthique chrétienne, et déjà avant la prise de pouvoir d’Hitler en 1933, il mit son entourage en garde contre le NSDAP et Hitler, étant persuadé que celui-ci, s'il était au pouvoir, représenterait un danger de guerre immédiat. Très tôt, il fut au courant des crimes commis par le régime nazi en Pologne, envers les prisonniers de guerre et les juifs en Europe. En octobre 1942, il apprit l'existence des fourneaux SS où étaient traitées 6 000 personnes par jour. Von Moltke fut arrêté au début de l'année 1944, condamné à mort le 11 janvier 1945 et exécuté le 23 janvier 1945.

Peter Graf Yorck von Wartenburg

Au début de l'année 1940, une autre personnalité, qui elle aussi allait énormément déterminer le travail et les objectifs que le cercle se fixait, se joignit au cercle de Kreisau : Peter Graf Yorck von Wartenburg, un cousin lointain de von Moltke, qui avait également fondé en 1938 un groupe de résistance. Haut fonctionnaire de l'État depuis 1938, il portait lui aussi un grand nom de l'histoire allemande, lié à la fin de l'occupation napoléonienne et au rapprochement germano-russe. Au début, le jeune juriste vit dans le national-socialisme une chance pour surmonter l'humiliation du peuple allemand après la défaite de 1918. Mais avec le temps, il s'en détourna de plus en plus, la violence, l'injustice et le traitement de la population juive lui ayant ouvert les yeux sur le véritable visage de l'idéologie nazie. 

En 1938, il se mit alors à la recherche de gens partageant ses idées. C'est au printemps 1940 que Yorck et von Moltke se revirent lors d'une rencontre familiale, et qu'ils échangèrent leurs avis et préoccupations. Par la suite, ils firent connaissance de leurs cercles d'amis respectifs, ce qui fit s'agrandir entre 1940 et l'automne 1941 le cercle de Kreisau. C'est dans la maison de Peter Graf Yorck von Wartenburg à Berlin-Lichterfelde qu'eurent lieu la plus grande partie des rencontres de discussion. En 1942, il fut incorporé dans la Wehrmacht, ce qui lui permit de fortifier et d'élargir ses contacts avec des opposants du régime au sein de l'appareil militaire. A la suite de l'arrestation de von Moltke en janvier 1944, il proposa ses services à Claus Schenk Graf von Stauffenberg pour la préparation et l'exécution du putsch du 20 juillet 1944. Il fut arrêté pendant la nuit du 20 au 21 juillet, quelques heures après l'attentat, et fut exécuté le 8 août 1944.

En 1938, les résistants comprirent qu'il serait illusoire de tenter un putsch contre Hitler, étant donné qu'une grande partie de la population soutenait le dictateur après l'Anschluß et l'annexion des Sudètes. Ils se rassemblèrent alors pour essayer de concrétiser un renouveau de l'Allemagne, et prirent contact avec des spécialistes divers pour discuter les fondements d'une nouvelle Allemagne post-hitlérienne.

Le lien qui unissait les membres du cercle était le refus du régime national-socialiste et la protestation - motivée pour la plupart des résistants par l'éthique chrétienne - contre les crimes de ce régime et la guerre, beaucoup d'entre eux ayant fait l'expérience douloureuse de la Première Guerre Mondiale. Mais l'on ne peut pas dire qu'il s'agissait d'un cercle religieux. Certes, les valeurs chrétiennes étaient pour la plupart des membres du cercle une base fondamentale de discussion, mais ce sont surtout des thèmes étatiques, économiques et culturels qui prévalaient dans les débats. Ce groupe n'était pas pour autant un cercle d'intellectuels sans relation avec la pratique, car tous les membres étaient confrontés dans leur vie professionnelle et dans leurs engagements personnels aux réalités de l'existence et faisaient preuve de réalisme.

Les membres du cercle de Kreisau se représentaient l'Allemagne post-hitlérienne comme un État démocratique et civil, un État de droit assurant le respect des droits de l'homme. Le droit au travail et la socialisation du secteur économique étaient deux autres principes fondamentaux pour le nouvel État, dans lequel la propriété privée serait protégée, mais où les unités de production les plus importantes seraient pour le bien commun entre les mains de l'État. Les citoyens, et c'est là que réside l'aspect le plus moderne du "programme" du cercle de Kreisau, devaient pouvoir bénéficier de libertés et d'une large responsabilité dans la nouvelle Allemagne. Celle-ci, débarrassée du modèle du Deuxième Reich d'un État autoritaire, devait être reconstituée à partir de la base, c'est à dire que l'État devait reposer sur des petites communautés bénéficiant d'une autonomie administrative. Cet aspect dénote la méfiance conservatrice à l'égard des sociétés de masse modernes. Mais ceci ne représentait en aucun cas un repli sur soi. Le cercle de Kreisau, qui défendait des valeurs humaines, s'opposait à ce que l'Etat soit dominé par l'économie, et souhaitait que la nouvelle Allemagne soit ouverte au monde occidental, dans la perspective d'une union européenne.

Mais avant tout, l'État allemand devait être renouvelé de manière démocratique en commençant par la base. Von Moltke et Yorck savaient que les Allemands auraient besoin d'une éducation pour apprendre à faire bon usage de leur nouvelle liberté, dont ils avaient été démunis pendant plus d'une décennie. Ceci ne pouvait selon eux se réaliser sans les principes éthiques chrétiens. C'est pour cette raison que le cercle n'était pas en faveur d'une séparation stricte de l'Église et de l'État, parce que les Églises catholique comme protestante devraient être ancrées dans une société œcuménique et y agir en tant qu'instances politiques et morales. Le citoyen serait alors en mesure de s'épanouir et de découvrir ainsi par lui-même l'ordre naturel, puis d'œuvrer vers sa réalisation dans la société. Pour réaliser ce renouveau de la société et de l'État à partir du bas, les membres du cercle voulaient transformer l'appareil administratif anonyme et oppressant en une administration plus immédiate et concrète, permettant le maximum d'autarcie aux plus petites unités locales ainsi reliées dans un système démocratique et extrêmement décentralisé.

Une autre revendication essentielle du cercle de Kreisau était la sécurité juridique, donc le rétablissement d'un État de Droit, qui garantirait la liberté de conscience, la tolérance et le respect envers les peuples d'Europe. Sans la constitution d'un État de Droit, aucune politique extérieure ne serait possible. Les crimes commis par les nazis au nom du peuple allemand seraient à punir sans laisser valoir l'excuse d'avoir eu à obéir à un ordre. Ceux qui avaient donné des ordres blessant le Droit naturel et le Droit International Public seraient à inculper en premier lieu. L'Allemagne devrait porter la responsabilité des crimes commis contre les peuples européens, mais les poursuites judiciaires devraient être du ressort d'une nouvelle justice allemande. Le cercle concevait un Droit International Public des Peuples du Monde comme fondement d'une nouvelle communauté internationale des peuples, qui serait alors empreinte d'une nouvelle autorité morale et juridique. Le projet prévoyait la constitution d'un tribunal international de guerre constitué des vainqueurs, de deux représentants de pays neutres et d'un juge du pays vaincu. L'idée était de créer ainsi le règne du Droit parmi les peuples du monde entier.

Le cercle de Kreisau à tenté d'établir, par l'intermédiaire de ses différents membres, un contact avec d'autres groupes de résistance, comme le groupe qui s'était constitué autour de Franz Sperr au sud de l'Allemagne et qui était en contact avec de hauts officiers, ou encore avec un groupe de leaders travaillistes catholiques de Cologne, et avec le cercle de Fribourg. Malgré tous les efforts pour établir le contact avec la Rose Blanche à Munich, ceci n'a pas pu se réaliser avant l'arrestation de ce groupe. Le cercle avait également des contacts avec des communistes modérés non staliniens. A partir de 1943, divers membres du cercle de Kreisau décidèrent de participer activement à des conspirations et prirent contact avec Ludwig Beck, Carl Friedrich Goerdeler, Ulrich von Hassel et Claus Schenk von Stauffenberg. La plupart des membres du cercle furent inculpés de haute trahison après le putsch échoué du 20 juillet 1944, et furent condamnés à mort.

Les membres principaux du cercle de Kreisau 

Adam von Trott zu Solz
Ce juriste fit des séjours d'études à Oxford et en Chine. Ces séjours à l'étranger, pendant lesquels il fut en contact avec des opposants au régime nazi, l'ont beaucoup marqué. En 1937, il fit la connaissance de von Moltke à Oxford, et en 1940, de Yorck von Wartenburg. La même année, il reçut un poste au ministère des Affaires étrangères, où il commença à prendre contact avec les groupes constitués autour de Hans von Dohnanyi et Dietrich Bonhoeffer. Adam von Trott zu Solz était dans le cercle le spécialiste des Affaires étrangères. Il fut arrêté cinq jours après l'attentat du 20 juillet 1944 et exécuté le 26 août 1944.

Hans-Bernd von Haeften
Juriste, issu d'un milieu empreint du protestantisme libéral, il passa un an d'étude en Angleterre, à Cambridge. Il était lié d'amitié avec Dietrich Bonhoeffer et fut en contact étroit avec Martin Niemöller. Il travailla à partir de 1933 au ministère des Affaires étrangères, dont il devint l'un des plus hauts fonctionnaires, et où il était protégé par le secrétaire d'État von Weizsäcker, personnage-clé de la conspiration menée par von Stauffenberg. Malgré sa fonction de diplomate, il refusa d'adhérer au NSDAP. Proche du cercle de Kreisau, il aurait obtenu le poste du secrétaire d'État au ministère des Affaires étrangères après le putsch du 20 juillet 1944. Il fut condamné à mort et exécuté le 15 août 1944.

 

Julius Leber
Cet ancien parlementaire social-démocrate de la République de Weimar était spécialiste en matière de défense. Le 31 janvier 1933, il fut arrêté pour la première fois, puis libéré grâce aux manifestations de masse organisées pour sa libération. Arrêté de nouveau, il fut interné dans des camps de concentration jusqu'en 1937. A partir de l'automne 1943, il entra en contact avec le cercle de Kreisau par l'intermédiaire de Carlo Mierendorff. Julius Leber, qui fut une figure marquante de la Résistance allemande, faisait également partie du groupe de Goerdeler, et serait devenu après le putsch 20 juillets ministre de l'Intérieur, ou même chancelier du Reich. Dénoncé, il fut arrêté début juillet 1944, avant l'attentat, fut condamné à mort le 20 octobre 1944, puis exécuté le 5 janvier 1945.

Theodor Haubach
Theodor Haubach était l'ami étroit de Carlo Mierendorff, avec lequel il publiait les Neue Blätter für den Sozialismus, auxquelles ont collaboré entre autres le pasteur Harald Poelchau, Adolf Reichwein et Otto Heinrich von der Gablentz. En 1923, Theodor Haubach soutint sa thèse sous la direction du philosophe Karl Jaspers. En 1929, il devint le porte-parole du ministère de l'Intérieur. En 1934, il fut arrêté et interné dans le camp de concentration d'Esterwegen. A partir de l'automne 1942, il fut membre du cercle de Kreisau, qui prévoyait pour lui le poste du porte-parole du gouvernement. Il fut arrêté quelques semaines après l'attentat du 20 juillet 1944 et exécuté le 23 janvier 1945.

Carlo Mierendorff
Membre du SPD et membre du Reichstag à partir de 1930, il fut l'un des derniers à encore oser s'opposer ouvertement au NSDAP et à son chef de propagande Josef Goebbels au Parlement. Après la prise de pouvoir d’Hitler, il fut arrêté, maltraité et emprisonné dans les camps de concentration d'Osthofen, de Lichtenberg, de Papen burg, de Börgermoor, de Torgau et de Buchenwald jusqu'en 1938. Après sa libération, il entra en contact avec le cercle de Kreisau, où il influença largement la discussion sur la politique sociale. Il fut un médiateur entre les catholiques et les socialistes du cercle, et parvint à leur faire surmonter leurs divergences. Mierendorff mourut en décembre 1943 lors d'un bombardement allié à Leipzig.

Adolf Reichwein
Ce social-démocrate et pédagogue réformateur, qui avait perdu en 1933 son poste de professeur d'Histoire et d'Instruction civique à l'Académie pédagogique de Halle, rejoignit le cercle de Kreisau en 1940. Il était prévu par le cercle qu'Adolf Reichwein devienne ministre de l'Éducation et de la Culture après l'attentat du 20 juillet 1944. Il était non seulement en contact avec le cercle de Kreisau, avec le cercle constitué autour de Wilhelm Leuschner et de Julius Leber, depuis l'été 1944 avec l'opposition militaire, mais aussi avec des représentants de groupes de résistance communistes qui s'étaient formés autour d’Anton Saefkow, Franz Jakob et Bernhard Bästlein. En raison de ces contacts, il fut arrêté début juillet 1944 et exécuté le 20 octobre 1944.

 

 

Claus Schenk Graf von Stauffenberg, le lieutenant Fritz-Dietlof Graf von der Schulenburg, le lieutenant von Kleist et le capitaine Axel Freiherr von der Bussche-Streithorst voulaient tuer Hitler le 11 février en faisant exploser une bombe lors d'une présentation d'uniformes dans la Wolfsschanze, le Rempart des loups, le quartier général d'Hitler. Von der Bussche était prêt à dissimuler l'explosif dans la poche agrandie de son pantalon, à déclencher le détonateur et à se jeter sur Hitler pour l'empêcher de fuir jusqu'à l'explosion. Il devait utiliser un détonateur de grenade avec un mécanisme de retardement de 4,5 secondes qui était bruyant, mais il pensait pouvoir couvrir le bruit en faisant semblant de tousser pour s'éclaircir la voix. Il avait également un long couteau caché dans sa botte, au cas où le détonateur ne fonctionne pas. L'attentat échoua, car la présentation d'uniformes ne put avoir lieu, étant donné que le matériel à présenter avait brûlé dans le train qui le transportait lors d'un bombardement allié.

 

Le 11 mars, Claus Schenk Graf von Stauffenberg et son entourage chargèrent le capitaine de cavalerie Eberhard von Breitenbuch de tuer Hitler à coups de feu lors d'une réunion au Obersalzberg, où von Breitenbuch, en tant qu'officier d'ordonnance, avait l'une des rares opportunités de pouvoir approcher le dictateur. Mais l'attentat échoua en raison des mesures de sécurité renforcées : en dernière minute, il fut décidé d'interdire la présence des officiers d'ordonnance.

 

Claus Schenk Graf von Stauffenberg voulait faire un attentat à la bombe contre Hitler dans la Wolfsschanze le 6 juillet, mais ni Hitler ni Göring ne purent venir.

Enfin se présenta l'occasion tant attendue pour l'attentat, et von Stauffenberg fit sauter la bombe dans le quartier général d'Hitler le 20 juillet. Mais Hitler survécut, et les conjurés furent exécutés.

Claus Schenk Graf von Stauffenberg

Le colonel Claus Schenk Graf von Stauffenberg fut le centre de la Résistance au sein du commandement suprême des forces armées après que le général Hans Oster ait été limogé, après le démantèlement du groupe de résistants au sein du contre-espionnage, et après l'envoi de Henning von Tresckow au front de l'Est. Von Stauffenberg fut du 1er juin au 20 juillet 1944 le chef de l'état-major du commandant des troupes de réserve. Il était convaincu que seule la mort d’Hitler pourrait inciter la Wehrmacht à agir. Au début ébloui comme tant d'autres par les succès militaires d’Hitler, ce n'est que pendant la guerre qu'il saisit le caractère criminel de la politique nazie. Blessé grièvement en Afrique, il perdit un œil, la main droite et des doigts de la main gauche, fut transféré à Berlin et y reçut en septembre 1943 un poste de chef d'état-major. Son supérieur, le général Friedrich Olbricht, qui était déjà depuis 1938 l'une des forces motrices pour un putsch au sein de l'armée, lui demanda d'entrer dans la Résistance active. Et c'est Friedrich Olbricht qui mit von Stauffenberg en contact avec Henning von Tresckow, Ludwig Beck et Carl Friedrich Goerdeler. Grâce à sa position centrale, tant sur le plan géographique que hiérarchique au sein de l'armée, von Stauffenberg œuvra pour l'unification des divers cercles et groupes de Résistance, afin d'assurer leur coordination lors d'un coup d'État. Par l'intermédiaire de Fritz-Dietlof Graf von der Schulenburg, il entra en contact avec le social-démocrate Julius Leber. Puis il entra en contact avec le cercle de Kreisau en faisant la connaissance d'Adam von Trott zu Solz, qui lui présenta son cousin Peter Graf Yorck von Wartenburg. Enfin, il rencontra Ludwig Beck dans la maison du grand chirurgien Sauerbruch. Von Stauffenberg étant parvenu à coordonner l'action de ces divers groupes, c'est lui qui dirigea les opérations à partir de Berlin lors du coup d'État.

A la suite de l'échec des tentatives d'attentats en 1943, et après l'arrestation des conjurés Julius Leber et Adolf Reichwein, von Stauffenberg se décida à exécuter en personne l'attentat à la bombe le 20 juillet 1944. Il en informa les résistants ayant des positions clés dans l'armée et dans l'administration. L'idée de tuer Hitler dans son quartier général, sa Tanière du Loup près de Rastenburg en Prusse Orientale, lors de la conférence quotidienne l'informant de la situation militaire, était de von Tresckow. Tous les précédents plans et tentatives d'éliminer le dictateur lors de ses rares déplacements s'étaient avérés irréalisables, puisque Hitler était trop prudent pour se tenir aux heures fixées et à l'itinéraire convenu, et puisqu'il se désistait trop souvent pour qu'il soit possible d'arranger un attentat et un putsch.

Le matin du 20 juillet 1944, von Stauffenberg partit de son appartement à Berlin-Nikolassee et prit l'avion pour Rastenburg, en Prusse Orientale, avec son aide de camp, le lieutenant Werner von Haeften. Dans la Tanière du Loup, von Stauffenberg et von Haeften allèrent, sous prétexte de vouloir se rafraîchir et changer de chemise avant la conférence avec Hitler, dans la chambre de l'aide de camp de Keitel, le commandant Ernst John von Freyend. C'est là qu'ils voulaient amorcer les détonateurs des explosifs afin qu'ils déclenchent l'explosion 10 à 12 minutes plus tard, et mettre ceux-ci dans le porte-documents de von Stauffenberg. Les deux hommes furent dérangés par l'adjudant-chef Werner Vogel, qui les appela à venir à la conférence, c'est pourquoi ils ne purent amorcer que l'une des deux bombes prévues. La deuxième bombe resta dans le porte-documents de Werner von Haeften.

Le barraquemnt après l'explosion

A 12h30, von Stauffenberg se rendit dans le baraquement où avait lieu la conférence. A son arrivée, Keitel annonça à Hitler que von Stauffenberg lui exposerait les mesures prises pour la mise sur pied d'unités de remplacement. Von Stauffenberg déposa alors son porte-documents près d’Hitler, sous la table, et quitta le baraquement vers 12h40, sous prétexte de devoir aller téléphoner.

Vers 12h50, juste au moment où Hitler se pencha au-dessus de la table en chêne pour étudier des cartes, la bombe explosa. Cinq des vingt-quatre personnes présentes dans le baraquement furent tuées, les autres blessées. Hitler n'eut que quelques petites égratignures.

Von Stauffenberg entendit l'explosion et partit tout de suite en voiture avec von Haeften. Leur voiture, conduite par le lieutenant Erich Kreutz, passa à environ 70 mètres à côté du baraquement enfumé et sortit de la zone de haute surveillance juste avant que l'alerte soit donnée et que toutes les sorties soient fermées. Arrivés au corps de garde extérieur, l'adjudant-chef Kolbe ne voulut pas les laisser passer. Von Stauffenberg téléphona alors au capitaine de cavalerie von Möllendorff à l'état-major de place, qui les autorisa à passer. Sur la route vers l'aérodrome, von Stauffenberg jeta le deuxième paquet d'explosifs par la fenêtre. Arrivés à l'aérodrome à 13h15, ils prirent aussitôt l'avion pour Berlin, où von Stauffenberg devait déclencher l'Opération Walkyrie et diriger le coup d'État.

 

L'Opération Walkyrie était au départ un plan qui organisait de façon très détaillée le déploiement de troupes de réserve vers le front. En 1943, ces plans furent élargis et transformés en un ordre d'alerte générale, au cas où les nombreux travailleurs étrangers et prisonniers de guerre détenus en Allemagne déclencheraient des émeutes ; l'état de siège aurait alors été déclaré et l'armée aurait pris le contrôle du pays. Ce plan n'avait en soi rien à voir avec un putsch éventuel, mais les conjurés y avaient ajouté des ordres secrets sous la forme d'enveloppes scellées que les commandants des unités concernées n'étaient autorisés à ouvrir que lors du déclenchement de l'Opération Walkyrie par le mot clé Walkyrie. Ces unités auraient dû alors occuper les bâtiments du gouvernement et des ministères, les émetteurs radio, les bureaux de téléphone et de télégraphie, les camps de concentration, et contrôler les nœuds de communication. De plus, ces enveloppes contenaient l'ordre de désarmer les unités SS et d'arrêter leurs dirigeants.

Vers 14h, le chef de la SS, Heinrich Himmler, demanda à la présidence de la police du Reich à Berlin de charger des spécialistes d'élucider l'attentat. Il donna l'ordre d'arrêter von Stauffenberg. Ce n'est que vers 15h que le général Olbricht reçut à Berlin une vague information sur un attentat avec plusieurs victimes. Mais il se décida à attendre des nouvelles de von Stauffenberg, pour ne pas avoir à retirer l'ordre Walkyrie au cas où ce ne soit qu'une feinte. A 15h, von Stauffenberg était à Berlin et von Haeften diffusa la nouvelle de la mort d’Hitler. Comme le commandant en chef Fromm refusa de participer à l'opération, Keitel lui ayant assuré qu’Hitler était toujours en vie, les conjurés l'arrêtèrent et confièrent le commandement suprême au feld-maréchal von Witzleben.

A partir de 17h30 furent donnés les ordres lançant l'Opération Walkyrie. Il fut donné pour mission à Hoepner, un général limogé par Hitler, d'exécuter les ordres du plan en Allemagne, puis Ludwig Beck et Hoepner tinrent au Bendlerblock un discours devant les chefs de sections. Le général Friedrich Olbricht, alors que les troupes à Berlin et aux alentours étaient déjà en route pour exécuter l'opération, hésita avant d'envoyer ses spécialistes prendre possession des émetteurs radio et diffuser la déclaration du nouveau gouvernement au peuple allemand, car il jugeait la situation encore trop instable.

Un fonctionnaire du ministère de la propagande, qui était cet après-midi-là au bataillon de garde Großdeutschland, put persuader le commandant qu'il serait préférable de demander à Goebbels avant d'entreprendre quoi que ce soit. Ce dernier fut ainsi informé du lancement de l'Opération Walkyrie et en avertit Hitler, qui ordonna tout de suite une contre-attaque. Goebbels fit diffuser à la radio la nouvelle qu'un attentat contre Hitler avait eu lieu, mais que celui-ci était en vie. Cette contre-réaction et l'ordre de ne pas tenir compte des ordres en provenance de Berlin semèrent l'inquiétude dans les troupes, qui demandèrent alors au Bendlerblock qui détenait le pouvoir de commandement.

Une contre-attaque eut également lieu au Bendlerblock. Fromm parvint à fuir après avoir propagé la nouvelle qu’Hitler était en vie. Plusieurs officiers, qui jusqu'alors n'avaient pas pris parti, prirent ainsi les armes pour combattre les conjurés. De plus, ils appelèrent des troupes de renfort, alors que les troupes appelées par les conjurés venaient de faire marche-arrière. Les conjurés furent arrêtés, et le général Fromm fit fusiller sur le champ quatre d'entre eux dans la cour du bâtiment : le général Olbricht, les colonels von Stauffenberg et Mertz, ainsi que le lieutenant von Haeften. Fromm donna à Ludwig Beck l'opportunité de se suicider.

A Paris, contrairement à la plupart des districts militaires, où les nouvelles annonçant la mort de Hitler et les informations contradictoires assurant qu'il avait survécu se croisèrent et semèrent la confusion, l'Opération Walkyrie fut exécutée avec davantage de succès. Le commandant en chef Carl-Heinrich von Stülpnagel y avait tout organisé lui-même, et certains de ses officiers, comme le lieutenant-colonel Cäsar von Hofacker, étaient au courant de tous les détails de l'opération. Celui-ci était un cousin de Stauffenberg ; il était non seulement en contact avec les conspirateurs berlinois et parisiens, mais également avec la Résistance française. Les conjurés mirent en état d'arrestation environ 1 200 personnes du service de la sécurité, de la SS et de la Gestapo, et allèrent voir le Generalfeldmarschall von Kluge, qui avait la fonction d'Oberbefehlshaber West (commandant en chef du front de l'Ouest) en France et dont l'attitude vis-à-vis de la conjuration était restée très indécise, afin de lui demander d'établir le contact avec les Alliés, mais celui-ci refusa. Il destitua von Stülpnagel et von Hofacker de leurs fonctions et leur conseilla de s'enfuir. Von Stülpnagel se résigna lorsque les mauvaises nouvelles en provenance de Berlin se multiplièrent, et donna l'ordre de libérer les prisonniers. Il tenta alors de se suicider et se blessa grièvement ; il fut arrêté par la Gestapo, condamné à mort et exécuté à Berlin-Plötzensee le 30 août 1944. Von Hofacker fut arrêté à Paris le, 26 juillet 1944, condamné à mort le 30 août 1944 et exécuté à Berlin-Plötzensee le 20 décembre 1944. Le Feld-maréchal von Kluge, après avoir reçu l'ordre de se rendre à Berlin, se suicida le 19 août 1944 sur un champ de bataille de la Marne.

En Allemagne commença alors une terrible chasse aux conjurés et à leurs sympathisants. La commission chargée d'élucider l'attentat et le coup d'État était constituée de 400 hommes de la Gestapo. Par la suite eurent lieu de très nombreux procès-simulacres sous la présidence du juge Freisler. Des milliers de personnes, les conjurés, ainsi que leurs proches et leur famille, en tout 5 000 à 7 000 personnes - cette méthode d'intimidation était pratiquée de façon systématique par la Gestapo - furent arrêtées ; 5 000 personnes furent condamnées à mort et exécutées à la suite de cette action de représailles.

Les étrangers de la Résistance

Les espagnols et la Résistance à Lorient

Roque CARRION, Commandant FTP

En janvier 1942, venant de Brest, un convoi de Républicains Espagnols, internés en France puis contraints à travailler pour les allemands, arrive à Lorient. Ils sont logés dans des baraques montées sur l’ancien polygone du,  IIème Régiment d’Artillerie Coloniale, où se trouvent déjà au moins dix mille travailleurs étrangers amenés pour travailler à la construction de la base de sous-marins.

Parmi ces travailleurs espagnols se trouvent Ramon GARRIDO, qui sera plus connu sous le pseudonyme Léon CARRERO, membre du mouvement de Résistance Front National depuis le début de 1941, et qui fut à l’origine de la formation des premiers "Groupes d’Action" dans la région brestoise, et de nombreux anciens de l’armée républicaine espagnole qui s’engagèrent dans la Résistance française pour chasser l’occupant nazi.

Il retrouve son camarade Juan SANCHEZ CASTILLO qui appartient lui aussi au Front National, entre en contact avec les responsables pour la région lorientaise, Georges LE SANT, domicilié près du Polygone, Albert LE BAIL, Jean Louis PRIMAS, ancien combattant des Brigades Internationales en Espagne.

L’action contre l’occupant se renforce par la formation de groupes de sabotage qui deviendront les groupes FTPF de la région lorientaise et s'étendront bien vite dans le Morbihan et le sud du Finistère. Nous sommes alors à la fin du mois de février 1942, plus d’une vingtaine de Groupes d’Action sont constitués. Ils ont pour responsables quelques jeunes l’orientais qui ont combattu pendant la guerre 1939-1940 et surtout des étrangers ayant combattu pendant la guerre d’Espagne. A partir du 15 mars 1942, les actions contre l’occupant se multiplieront à une cadence rapide. Les sources d’énergie électrique sont surtout visées; plus de dix transformateurs et échangeurs sont mis hors de service en ce 15 mars 1942. Presque toutes les nuits par la suite, il y a eu des actions contre les occupants.

Les milieux de la collaboration dépêchèrent à Lorient le Service de Police Anti-communiste, connu sous ses initiales SPAC. Au début du mois de juillet 1942, les arrestations de dix huit membres responsables du Front National, parmi lesquels quelques républicains espagnols, n’empêchèrent pas les actions contre l’occupant de continuer.

GARRIDO, qui avait un domicile 73 rue Ratier à Lorient, fut obligé de fuir après l’arrestation de son camarade Ignacio PORTILLO à son logis; la police avait cru avoir affaire au locataire du logement recherché pour son action résistante. GARRIDO quitta Lorient pour Rennes d’où il continua le contrôle des résistants espagnols des départements bretons dont les effectifs approchaient alors de 450.

Il fut arrêté à Paris le 30 novembre 1942, jugé par un Tribunal Spécial, condamné à deux ans de prison, transféré à la Centrale d’EYSSES le 17 décembre 1943, il fut déporté à Dachau et libéré le 1er juin 1945. Son camarade PORTILLO est mort en déportation. 



09/03/2013
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