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PARACHUTAGES SOUS L’OCCUPATION

La répression à l’égard du B.O.A est impitoyable car son rôle est important tant pour les mouvements de personnes entre la France et l’Angleterre (et inversement) que pour la réception des parachutages apportant, pour tous les services organisés depuis Londres et les mouvements de Résistance, armes, explosifs, argent. Cette répression d’autant plus active qu’elle est parfois facilitée par la pénétration du  B.O.Apar des espions ennemis, mais aussi suite à des agents B.O.A arrêtés et, parfois, retournés. Elle est, aussi, d’autant plus brutale voire haineuse, que l’ennemi, souvent bien informé, durcit ses interrogatoires et exécute rapidement les sanctions. L’importance des pertes humaines montre l’âpreté de la lutte et combien l’ennemi y consacrait de moyens. Le B.O.A  s’appuie sur les réseaux de Résistance et pour l’essentiel sur :

L’Organisation Civile et Militaire  OCM  du Colonel Touny,

Ceux de la résistance CDLR  

Ceux de la libération CDLL,

Libé-Nord,

Le Front National avec ses branches armées FTPF et MOI.

Michel Pichard

C’est Jean Ayral, dit Pal qui est le premier à diriger le « B.O.A ». Brûlé, il est remplacé par Paul Schmidt, dit Kim. A ce dernier, reparti pour Londres, succède Michel Pichard qui devient, en août 1943, avec le titre de coordinateur national, le chef du B.O.A Assisté, comme secrétaire, de sa soeur Cécile, il va superviser plusieurs centaines de terrains. Tout en sillonnant une bonne partie de la France au cours de déplacements continuels, il échappe à toutes les poursuites et harmonise les rapports avec les Délégués Militaires Régionaux (DMR) sous l’autorité desquels les antennes locales du B.O.A étaient dans leur fonctionnement courant.

 Si le B.O.A tisse sa toile de terrains et réceptionne les parachutages, ce sont les D.M.R qui ventilent, aux diverses unités de résistance, armes, munitions, explosifs, argent. On peut dire que le « B.O.A » était le service logistique des D.M.R. Pichard réussit son armature pyramidale et sa structure régionale et départementale. «Messages et instructions, parachutages et dépôts d’armes, recrutement pour remplacer les vides, réunions de coordination à l’occasion d’opérations de sabotage, tel a été le lot quotidien de Pichard émaillé de déficiences et de défaillances à l’intérieur du réseau que l’auteur ne dissimule pas.

Général Koenig

Michel Pichard va rester à la tête du B.O.A jusqu’à Juin 1944. Il rentre à Londres mais il sera à nouveau parachuté en France le 11 Août 1944 comme DMR pour la Haute Marne et il participera à la Libération de Chaumont et de Langres. A noter qu’en parallèle au B.O.A, le SOE5  britannique et l’OSS6  américain avaient crée en France leurs propres organisations d’atterrissages  parachutages en s’appuyant sur des relais dans les mouvements de résistance.

CRÉATION DE L’EMFFI

En mars 1944, le Comité Français de Libération Nationale crée l’état major des FFI7 (EMFFI) pour mettre en œuvre les décisions concernant l’intervention des organisations de Résistance sur les arrières de l’ennemi. L’EMFFI est placé sous les ordres du Général Koenig. Le 31 mai 1944, ce dernier est reconnu, par les Alliés, comme commandant en chef des FFI. Le 20 juin suivant, il devient commandant en chef de tous les services français et alliés existant en France. Ainsi L’EMFFI  devient TRINATIONAL. Le 15 juillet 1944, toujours sous l’autorité de Koenig, L’EMFFI est intégré dans la structure interalliée et exerce son autorité en France par l’intermédiaire des D.M.R Ces derniers ont, successivement, comme Délégué Militaire National, Maurice Bouges- Maunoury et Jacques Chaban-Delmas.

L’EMFFI, malgré sa formation tardive et sa double dépendance à l’égard de l’État Major d’Eisenhower et de la RAF pour tout envoi d’agents et d’armes, va obtenir un effort sans précédent d’armement pour la Résistance. 50.000 containers et 15.000 colis sont parachutés entre juillet et septembre 1944. D’autre part, pour améliorer les liaisons avec la Résistance, L’EMFFI va parachuter 91 équipes Jedburgh qui vont se révéler extrêmement efficaces.

LES PLANS ACTION Á DESTINATION DE LA RÉSISTANCE

Dans l’ensemble, L’EMFFI et les forces de la Résistance remplirent leur rôle qui devrait être, dès le jour J, de harceler, fixer et retarder les unités ennemies dans leurs mouvements. Des plans pour la mise en action de la Résistance, au moment du débarquement, avaient été élaborés au printemps 1944 par le BCRA, et approuvés par L’EMFFI  comme par l’Etat major allié. Quatre plans principaux avaient été retenus :

Vert (sabotages des voies ferrées),

Violet (sabotage des lignes téléphoniques souterraines à grande distance),

Bibendum  (coupures de voies de communication autres que ferroviaires notamment de 30 itinéraires routiers importants)

Bleu (sabotage des lignes à haute tension, des voies ferrées électrifiées et des zones côtières)

A ces plans principaux, s’en ajoutaient deux autres :

Rouge relatif au déclenchement de la guérilla dans 6 zones peu accessibles :

Massif Central, Alpes, Pyrénées, Jura, Morvan, Vosges jouant le rôle de réduits

Caïman dans l’hypothèse d’un débarquement en Provence prévoyant la libération du Sud-Ouest et du Sud Est par les FFI.

Tous ces plans devaient être exécutés de façon échelonnée mais, le 5 juin 1944, le Haut Commandement allié, pour aider à l’intoxication des allemands, va changer le programme. Par 210 messages personnels de la BBC aux  D.M.R et aux chefs de réseaux SOE et OSS est donné l’ordre de déclencher tous les plans sur tout le territoire, y compris le Plan Guérilla, l’objectif étant de maintenir l’incertitude des allemands sur l’importance réelle d’Overlord et de les inciter à conserver un maximum de troupes, loin du front, en prévision d’un hypothétique 2ème débarquement. L’objectif, pendant plusieurs semaines, va être atteint. Le Haut Commandement allemand continuant à croire à un nouveau débarquement, sans doute dans le Pas de Calais. Le but immédiat des plans, à savoir retarder l’arrivée de renforts allemands, notamment les divisions blindées, jusqu’à ce que les Alliés gagnent la bataille des plages, est rempli.

 

Quant à la mise en exécution du Plan Rouge avec la consigne de guérilla généralisée, il va, en s’ajoutant à l’enthousiasme suscité par le débarquement produire deux effets immédiats : la mobilisation d’un grand nombre de volontaires vers les maquis dont les chefs s’attendent à des parachutages massifs d’armes, mais aussi à la libération de villes ou de zones entières dans certaines régions éloignées du front. Les Alliés n’ont pas mesuré les conséquences de l’exécution du Plan Rouge sur tout le territoire. Le Général Koenig tente de freiner cette mobilisation mais il n’y arrive pas, tant l’engouement est grand. Chaque maquis est désormais aux prises avec la riposte meurtrière de l’armée et de la police allemande, aidée de la Milice. Durant le reste de l’été 1944, le Plan Rouge va, en pratique, consister à poursuivre la guérilla suivant les capacités de chacun et à tendre le dos dans l’attente de parachutages d’armes que les Alliés, sous la pression de Koenig, n’enverront massivement que durant l’été.

DANS QUELLES PROPORTIONS ONT ETE ÉXÉCUTÉS LES PLANS DE SABOTAGE ?

On n’a une certaine information que pour les plans Violet et Vert. D’autre part, on dispose, grâce au rapport de Paul Grenier14 de quelques conclusions sur les résultats de Bibendum.

Plan Violet et Vert

Les équipes PTT du plan Violet ont, les 6 et 7 juin, effectués 38 coupures sur les lignes téléphoniques allemandes. D’après le SOE, les sabotages ferroviaires du plan Vert ont permis dans les 24 heures suivant le jour J d’exécuter les objectifs à 90%. Ceci étant, la Résistance n’avait pas attendue le 6 juin 1944 pour saboter les lignes ferroviaires, simplement, les équipes accentuèrent leur pression, notamment en renouvelant les sabotages sitôt les réparations effectuées. Ce harcèlement fera que, dès juin 1944, plus aucun train à longue distance ne peut circuler sans subir divers sabotages touchant les lignes ou le matériel. Une statistique SNCF précise que ce sont 820 locomotives qui ont subi des avaries dues à des sabotages.

 

 

L’étude d’une Drop Zone, zone de largages et de parachutages

Paul Grenier rend hommage à ses agents au nombre d’environ 1700 pour les 4 zones, chiffre les arrestations à 500 et les pertes à une centaine.

Il essaye également de préciser quels retards ont entraîné les harcèlements divers dans le déplacement de certaines unités blindées allemandes et il cite notamment la division L qui mit plus de 48 heures (7/8 juin) pour traverser les départements de la Sarthe et de l’Orne. La division Trident qui eut ses camions de ravitaillement en essence et munitions retenus 36 heures sur le seul département de l’Orne la division  Das Reich venue de Bordeaux, semant la terreur sur tout son parcours, et retardée jusqu’à la Loire, et qui va mettre plusieurs jours pour traverser la Normandie.

 

En forme de conclusion pour Bibendum mais aussi pour montrer l’extrême dureté de la répression contre tous les membres des organisations de résistance dont le BOA, je citerai le sort du Colonel Rondenay. Arrêté à Paris par la Milice, en Juillet 1944, ce responsable BOA qui s’occupa de la première implantation du plan Bibendum, est livré à la Gestapo, torturé et mis dans un train en partance pour la déportation. Sans doute, étant donné son importance, et au mépris des accords Nordling, il est retiré du convoi de déportés en gare de Pantin et fusillé le 15 août 1944, près de DOMONT (seine et Oise) au lieu dit la clairière des quatre chênes , avec ses camarades du BOA.



01/03/2013
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