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GENDAMES DANS LA RÉSISTANCE

Lorsque Pierre Accoce publie son livre, il ne dispose que partiellement des archives de la gendarmerie. Et pourtant, depuis 2001, l’étude que l’auteur a entreprise sur la part prise par la gendarmerie dans la Résistance fait toujours référence et montre que la gendarmerie ni n’a été massivement complice des rafles et des déportations, ni n’a été un instrument zélé au service de l’Etat Vichyste, ni n’a pas été un relais docile de la politique de collaboration. Au contraire de nombreux soldats bleus ont rejoints très tôt la Résistance. Ils ont œuvré dans les réseaux existants, créé leurs propres antennes, combattu dans les maquis. Le quart de l’effectif a participé activement à la Résistance soit 12 000 gendarmes. Un pourcentage dont aucun autre corps de métier ne peut se prévaloir.

En guise de préambule

Sur les 12.000 gendarmes engagés dans la Résistance, 2.161 ont été arrêtés dont 1.141 ont été fusillés, ou morts en Allemagne, en prison ou en camp de concentration, ou tués au cours d’opérations de libération en France. Et 920 sont rentrés de déportation. La croix de la Libération a été décernée à 4, la médaille de la Résistance à 360, la Légion d’Honneur à 351, la médaille militaire à 1.060, la croix de guerre avec citations à

4852, la médaille des justes d’Israël à 7.

Quarante jours ont suffi pour battre l’armée française en 1940 et faire 1.580.000 prisonniers. Le diktat d’Hitler à Rethondes va ruiner la France et la déshonorer lorsque seront refoulés en Allemagne les ressortissants allemands qui s’étaient réfugiés chez nous dont les Juifs. Le 28 Juin 1940, la République bat en retraite et l’Etat français s’installe, le 2 Juillet, à Vichy. En 1939, la gendarmerie compte 54.000 hommes dont 1.514 officiers. A fin Juin 1940, sur les 12.000 gendarmes mêlés aux autres mobilisés, 377 ont été tués et 5.000 faits prisonniers. La garde républicaine à Paris est passée sous le joug allemand. La garde mobile s’est fondue dans la population. La départementale s’est efforcée d’escorter les réfugiés civils. Bref l’institution est disloquée.

Serignan, fil conducteur de la Résistance de la gendarmerie

L’armistice signé, Hitler nomme le Général Otto Von Stülpnagel à la tête de la commission chargée de son application. Elle siège à Wiesbaden et a pour mission de mettre au pas cette France honnie. La faire danser longtemps le ventre creux. La direction générale de la gendarmerie mandate pour la représenter près du Général Huntziger, le Capitaine Sérignan.

Ce Saint Cyrien, ancien du SR, parlant couramment l’allemand, remarqué par sa hiérarchie pour ses qualités hors normes3, est chargé d’obtenir la reconnaissance de la « départementale en zone occupée dans son statut antérieur et que cette dernière en zone libre reste sous l’autorité de la Défense ». Il est également mandaté pour « obtenir le rapatriement des 5 000 gendarmes qui sont prisonniers et faire en sorte que la Wehrmacht évacue les casernements de gendarmerie qu’elle occupe. Arrivé à Wiesbaden, Sérignan, s’appuyant sur des raisons d’ordre public, rédige une synthèse qui prône le retour de la gendarmerie en zone occupée dans ses garnisons du temps de paix et demande pour cette mission 20.000 hommes. Ceci est, finalement, acceptée par Von Stülpnagel sous réserve que son statut soit discuté avec l’administration militaire allemande. Quant à la garde mobile républicaine en zone occupée elle est dissoute et devient, en zone libre, la Garde forte de 6.000 hommes.

Le 19 Juillet, Sérignan s’installe à Paris pour discuter du statut de la Départementale en zone occupée. Les allemands veulent la mettre sous les ordres de la police mais Sérignan obtient du nouveau commandant militaire que, dans un premier temps, quelques milliers de gendarmes se réinstallent dans leurs départements d’origine sauf dans le Nord et dans l’Est en régime d’annexion déguisée. Ensuite, il obtient que, faute de pouvoir maintenir la Garde Mobile en zone occupée, il intègre 7.000 gardes dans la Départementale. Tout ceci fait, en septembre 1940, que la maréchaussée en zone occupée compte 14.600 hommes dont 375 officiers. Pour le retour des 5.000 gendarmes prisonniers, Sérignan obtient d’Otto Von Stülpnagel le retour de 1.000 mis en congé de captivité puis d’un autre millier et, enfin, en mai 1941, de 2.385. Tous les libérés entrent dans la Départementale en zone occupée. Au final, avec la création d’une gendarmerie auxiliaire de 1.000 hommes chargés de la surveillance des ouvrages publics, et le recrutement de 1.200 autres gardes au titre « d’anciens combattants l’effectif visé de 20.000 passe à 23 000. Pour éviter que la gendarmerie passe de la Défense à la police en zone occupée, Sérignan obtient qu’elle soit rattachée à la Délégation générale de l’Etat français à Paris ce qui, de fait, permet à la Direction générale de la gendarmerie près de la Défense d’avoir sous son autorité la Départementale de zone occupée.

Sérignan a mené toutes ces négociations à Paris où il s’est installé comme chef de La section Gendarmerie en Territoire Occupée (SGTO). Au fur et mesure que la Départementale va s’implanter en zone occupée, la SGTO va se décentraliser pour défendre les brigades près des Kommandanturs afin que la Départementale puisse remplir ses missions classiques locales et, du fait des circonstances, des missions occultes relevant de multiples engagements personnels émanant tant de la hiérarchie que de simples gendarmes. Il n’est pas possible de décrire ici tous ces engagements. Pour cela il faut lire le livre. Par contre j’ai retenu quelques engagements qui montreront aux lecteurs de ce digest l’étendue et la diversité des actions de Résistance ainsi que leur foisonnement au sein de la gendarmerie. Sitôt les brigades en place en zone occupée et avec des fiches de démobilisation timbrées à l’avance, par des services militaires de la zone libre qui sont complices, Sérignan et le SGTO va démobiliser des milliers de mobilisés échappés de l’encerclement de leurs unités par les allemands qui les réclament comme prisonniers de guerre ! Les allemands s’aperçoivent de la manœuvre, s’en plaignent et s’en irritent. En particulier, le colonel Helmut Knochen7. Sérignan est contraint à la prudence d’autant qu’à la tête de la Délégation générale de l’Etat français à Paris qui a autorité sur la SGTO, Léon Noêl est remplacé par Fernand de Brinon, germanophile grand teint, reçu plusieurs fois par Hitler dès 1933 et surnommé, dans l’administration préfectorale, l’Anguille eu égard à sa souplesse d’échine.

Le réseau Saint Jacques de maurice Duclos et Jean Verines

Maurice Duclos

A Londres, le général de Gaulle décide, dès Juillet 1940, la création d’un Service de Renseignements en France qui soit en mesure d’identifier les forces et les installations à la disposition des allemands. Pour cela, trois réseaux, dépendant du BCRA, sont créés.

Le premier, depuis Paris, couvrira le Nord et l’Ouest jusqu’à la Touraine. Son responsable en sera Maurice Duclos (photo). Il deviendra le réseau Saint Jacques. Le deuxième, couvrant toutes les côtes du Cotentin à l’Espagne sera confié à Gilbert Renault alias Rémy. Le réseau s’appellera La confrérie Notre Dame (CND). Le dernier, en zone libre, sera confié à Pierre Fourgaud alias Barres deviendra le réseau Luras. Duclos va être le premier agent opérationnel en France. Il installe Saint Jacques à Paris et sa première recrue est le chef d’escadron de gendarmerie Jean Vérines grand mutilé de 14/18 et commandant d’un bataillon de la Garde, place de la République. Duclos le charge d’organiser, au sein de la Garde et de la gendarmerie : un maillage capable d’expertiser l’état des forces terrestres, aériennes et maritimes du 3ème Reich du Nord de la France à la Normandie. Des lieux de passage à travers la ligne de démarcation.

Jean Vérines

Jean Vérines recrute dans son bataillon et au-delà. Ainsi du colonel Jean Baptiste Raby commandant de la 9ème région de gendarmerie de Tours, lui aussi vétéran de 14/18. Ainsi du colonel Emile Boillon, chef de la gendarmerie d’Amiens. En décembre, l’antenne Vérines couvre Paris, la Somme, l’Eure et la Touraine et l’antenne Nord, confiée par Duclos à Lucien Feltesse, un belge, couvre le Nord de la France et la Belgique. Ce sont, en tout, 300 agents qui arrivent à déterminer dans l’armement, l’état des voies routières, ferrées et fluviales, la description des aérodromes qui ont été crées avec des stocks considérables d’essence et de munitions et qui sont protégés par une puissante DCA.

Toutes ces forces sont rassemblées pour la bataille d’Angleterre commencée le 12août 1940. L’assaut va se prolonger pendant quatre semaines puis, le 7 septembre, se déplacer, de la mer et des côtes, sur Londres. 375 bombardiers vont alors pilonner le Londres industriel et populaire, les docks et la centrale électrique de Westham. Le soir même, les bombardiers repartent, armés de bombes incendiaires au phosphore. Et ce, chaque soir jusqu’à la fin septembre 1940. Puis, chaque nuit en Octobre. Au dire d’experts, ce fut Guernica puissance 300. Mais, les britannique tiennent bons. La DCA et la RAF résistent. La Luftwaffe perd 2 375 avions, la RAF, 945. Parmi les civils anglais, on compte 14.621 morts et 20.252 blessés. Le bilan est lourd mais le premier round est gagné par les anglais et Hitler reporte le débarquement. Saint Jacques a d’ailleurs acquis la certitude que la Wehrmacht n’a pas le matériel adapté à un débarquement. Par contre la Kriegsmarine est sérieusement outillée pour une guerre océanique et Hitler décide de continuer à terroriser les anglais par la Luftwaffe et d’affamer avec les U.Boots. Saint Jacques cartographie des lieux de parachutages/atterrissages, organise le passage de la ligne de démarcation pour le courrier, les agents et les aviateurs alliés rescapés. Duclos retourne à Londres, obtient des moyens radios et revient en France avec un radio, Jean Mulemann, qui, retourné par l’Abwehr, va provoquer des désastres en cascade dans le réseau Saint Jacques. En attendant Saint Jacques, poursuit sa recherche de renseignements et est en mesure de décrire pour la Navy, l’importante concentration de sous-marins au Havre.

En parallèle l’Abwehr progresse dans la connaissance de ce réseau et, le 20 juin 1941, la SIPO arrête le Capitaine de gendarmerie Albert Morel et le gendarme Amédée Devineau au moment où ils franchissent la ligne de démarcation. Ils ont sur eux un abondant courrier notamment les plans de la base sous marine de Saint Nazaire. La SIPO attendait les deux agents. Ils avaient donc été donnés. Par Mulemann ? Sans doute.

La SIPO, dans la foulée, intervient à Paris, rate Duclos, mais la torture sans doute aidant, va arrêter le Colonel Raby, le Lieutenant Ernest Laurent et plusieurs de leurs hommes à la 9ème légion de gendarmerie (Tours), le Colonel Boillin, l’Adjudant chef Legrand et plusieurs de leurs hommes (Amiens), le Capitaine Le Flem et plusieurs de ses hommes (Pont l’Évêque).  C’est ainsi que la SIPO arrive à Vérines qui est arrêté le 22 octobre 1941 avec plusieurs gardes. Le docteur Werner Best, qui supervise les liens de la SIPO avec la police française, remarque le nombre élevé de gendarmes arrêtés, mais aussi celui de ceux ayant échappé à la traque. Son chef Helmut Knochen fulmine, convoque Sérignan à l’hôtel Scribe où ce dernier subit injures et menaces visant l’ensemble des gendarmes  Des ennemis du Reich.

Sérignan encaisse. Il connaît la plupart des officiers incarcérés, apprécie leur trempe, la valeur de leurs engagements, partagés le plus souvent par leurs hommes. Il sait que d’autres suivront et qu’il va falloir ajouter au rôle officiel qui est le sien, une fonction délicate près de l’occupant, défendre des compagnons que la détresse guettera.

Le réseau Vérité française du capitaine Descamps

Et ils seront nombreux. Tel le capitaine Henri Clotaire Descamps, basé à Soissons, à la tête de la section locale de gendarmerie antenne du mouvement du Musée de l’homme. Descamps aide le passage en zone libre de quelques prisonniers de guerre évadés, rencontre Daniel Douay et devient, avec lui et seize autres agents dont des gendarmes, un relais du Musée de l’Homme appelé Vérité Française. Descamps collecte avec méthode des renseignements sur les unités ennemies, diffuse la presse clandestine, crée des caches pour stocker les armes. Mais à Paris, Vilde est trompé par un nouveau venu, Albert Gaveau, homme à tout faire ayant le Capitaine Doering de la SIPO comme officier traitant. Gaveau se rend utile à tout le monde et ne tarde pas à connaître l’organigramme de l’organisation secrète de Vilde. La SIPO passe à l’action le 12 février 1941 et arrête Lewitsky, plusieurs avocats faisant partie du réseau du Musée de l’Homme dont Léon Maurice Nordmann et René Georges Etienne. Elle rate de peu le professeur Paul Rivet qui alerte Vilde.

Celui-ci est cependant arrêté le 26 mars. La « tornade » se répand en province avec l’aide de Jacques Desoubries qui, dans le sillage d’un agent de liaison, arrive à Soissons chez Douay/Descamps. Le 25 novembre 1941 la SIPO entre en action, arrête le Colonel de la Rochères qui avait adressé Desoubries à Douay/Descamps, encercle la caserne de gendarmerie de Soissons, roue de coups le Capitaine Descamps, l’arrête avec plusieurs de ses hommes et transfère les prisonniers à Fresnes. Descamps va subir douze interrogatoires musclés. Sans arrêt il est interrogé sur le Musée de l’Homme mais ne parle pas. Il est mis au secret. Un effrayant calvaire l’attend. Sérignan, pour la défense des gendarmes arrêtés, commence par noyer les instances judiciaires occupantes de procédures dilatoires visant à éviter leur comparution devant les tribunaux militaires du Reich. S’il échoue il essaye de minimiser les chefs d’inculpation et fait intervenir un groupe de spécialistes qu’il a constitué. Tous, comme lui, connaissent parfaitement la langue allemande tel Maître Heanning, juriste rigoureux. Lorsque des peines sont prononcées, Sérignan et ses avocats établissent des recours en grâce. Ainsi Sérignan et son service se porteront au secours de plus de 500 gendarmes.

Les gendarme Garin, descamps et Charlot, victimes de la barbarie

Edouard Charlot

Le premier gendarme condamné à mort fut Maxime Garin de la 2ème légion de Picardie. Membre du réseau « Saint Jacques », il est passé par les armes fin décembre 1941 malgré une intervention de Sérignan près d’Otto Von Stülpnagel encore en fonction. Vains sont aussi les efforts de Sérignan pour le capitaine Descamps. Ce dernier, après avoir été très sévèrement torturé, reste au secret à Fresnes pendant 5 mois. Son procès commence le 15 mai 1942. Il sera long. Défendu par Heanning, Descamps est, néanmoins, condamné à mort. Sérignan dépose, alors, un recours en grâce et intercède directement auprès du nouveau chef des troupes d’occupation, le général Karl Heinrich Von Stülpnagel. Sérignan croit avoir gagné lorsque, en septembre 1942, on lui annonce que la peine de Descamps est commuée en 20 ans de forteresse en Allemagne. Mais c’est sans compter sur la duplicité de Von Stülpnagel qui, dès le 22 août 1942 a ratifié l’exécution par décapitation à la hache du condamné. Descamps, le 14 septembre 1942, part en Allemagne. Il passe de prison en prison jusqu’à celle de Brandebourg (près de Postdam) où, le 23 septembre 1942, à 5h21 du matin, il est exécuté. Le 14 août 1942, c’est au tour d’un autre gendarme, Edouard Charlot (photo), d’être condamné à mort.

Sérignan se risque alors à proposer l’échange du gendarme contre un membre de l’Abwehr arrêté en zone libre. Von Stülpnagel accepte apparemment, allant même jusqu’à évoquer une libération, sous réserve de l’accord préalable de Berlin qu’un vaincu ose faire pareil chantage, décide que la peine concernant le gendarme français, formulée par les juges du Reich, sera appliquée à la lettre, à l’allemande par un bourreau allemand C’est ainsi que Charlot est décapité le 4 janvier 1943 à la prison de Cologne. Ces deux exemples d’exécution barbare montrent l’âpreté de la lutte des services allemands contre la Résistance. Outre la généralisation de la torture appliquée sans limite, tout était juridiquement permis aux enquêteurs comme aux tortionnaires. Le croupissement secret en prison, la déportation, l’assassinat comme l’exécution.

One répression qui s’amplifie

Et après le retour au pouvoir de Laval, Darnand d’abord associé à cette répression avec la Milice va disposer sur ordre du général Obert, et ce, à partir de décrets signés par Laval le 10 janvier 1944, des pleins pouvoirs lui permettant de renforcer dans tous les domaines l’action allemande contre la Résistance. Par ces décrets, outre que Darnand devient Ministre de l’Intérieur et conserve près de lui la Milice, passent sous ses ordres directs la gendarmerie, la garde mobile, la police nationale, les GMR, la Préfecture de Police, les sapeurs pompiers de Paris, la garde des communications, les services pénitentiaires, les polices spéciales, les brigades anti-juives et antimaçonniques et les internements administratifs. Darnand reçoit, d’autre part, pleine autorité pour créer d’urgence des tribunaux spéciaux.

Mais si dure que soit cette répression pendant toute l’occupation cela n’empêche pas des gendarmes d’entrer en résistance. Certains créent leur réseau ou développent une antenne de réseau existant. Citons dans ce dernier cas le Maréchal des Logis Chef Paul Joyeux en brigade à Épinal qui après avoir aidé des prisonniers de guerre évadés, être entré au réseau Kleber-Uranus, avoir obtenu avec l’aide de Sérignan et de sa hiérarchie une mise en congé prolongé, entre en clandestinité sous le matricule E.865 et met sur pied une cellule de 50 agents au service du réseau Mithridate du BCRA. Il réussit à installer une centrale radio à Nancy pour la transmission de ses informations, obtient des renseignements sur les forces allemandes dans les Vosges permettant la destruction d’objectifs stratégiques et parvient à s’infiltrer dans la Sipo sauvant de l’arrestation des dizaines de personnes.

L’action tous azimuts du commandant Guillodot

Citons aussi l’extraordinaire action du Commandant Maurice Guillodot ayant à Vannes la responsabilité d’une circonscription comportant 55 brigades. Dès sa prise de fonction il amorce son entrée en Résistance en faisant détruire dans toutes les brigades le carnet B contenant le nom des habitants connus, dans chaque commune, pour leur appartenance politique. Cette attitude lui vaut d’être approché par plusieurs de ses hommes pour une action clandestine. Guillaudot est extrêmement réfléchi et va constituer, progressivement, un réseau structuré et cloisonné où 300 soldats de la loi sont affectés à des missions de renseignements et de parachutages. Le réseau relié par mer et par l’Espagne pour le courrier est rattaché au BCRA sous le nom d’Action. Guillaudot devient Yodi. Avec les premiers parachutages arrive Jean Cholet, spécialiste en utilisation des matériels nouveaux (du bazooka aux explosifs).

Suivent ensuite des agents du BOA qui organisent, avec Guillodot, la MAB (Missions Aérienne Bretagne) et une liaison radio avec Londres. En six mois, 29 parachutages vont être réussis, des gendarmes assurant l’enlèvement et la cache. Côté renseignement Guillodot a pu répondre aux demandes de Londres sur les forces et les installations allemandes sur l’île de Groix, sur le chantier de l’arsenal de Lorient et sur la nouvelle base sous marine de Keroman. Il a même pu faire parvenir par avion la description complète, appuyée de photos et de croquis, de tout le dispositif allemand dans le Morbihan et le sud Finistère. A ces actions Guillodot charge son réseau d’aider les réfractaires du STO.

Cependant, toute cette activité, qui dure depuis des mois, attire l’attention des allemands qui réussissent à se saisir de fragments du réseau, le cloisonnement rigoureux organisé par Guillaudot évitant le désastre jusqu’en septembre 1943 où arrive de Londres, Valentin Abeille, Délégué Militaire Régional (DMR) qui vient fédérer la résistance dans 10 départements bretons et normands. Début décembre 1943, Abeille rencontre Guillaudot. Il l’informe de sa mission et lui apprend, qu’outre la direction de son réseau, il est nommé par Londres chef régional FFI. Abeille, sans doute pisté, renonce, au dernier moment, à passer la nuit chez Guillaudot. Il échappe ainsi à la SIPO, mais cette dernière arrête, le 10 décembre 1943, son contact. Guillaudot est conduit à la prison de Rennes où il subit plusieurs interrogatoires. Ceux-ci d’abord relativement supportables, se durcissent début janvier 1944. Ce changement de méthode correspond à la prise exorbitante d’autorité de Darnand incluant les prisons qu’il confie à ses miliciens les plus fidèles. Pour les prisons bretonnes c’est Raoul Di Constanzo qui fait régner l’enfer, agissant en maître partout. Dans le cas Guillaudot, les allemands se réservent leur prisonnier mais, désireux d’en finir rapidement, accentuent leurs interrogatoires. N’obtenant pas d’aveux, et sans doute pour ne pas perdre la face vis-à-vis de Di Constanzo qu’ils considèrent commun supplétif, ils décident de déporter, en juin 1944, Guillaudot à Neuengamme. A peu près en même temps, son fils, lieutenant de gendarmerie à Annecy est déporté à Dachau. Ils vont rentrer, tous les deux en triste état. Maurice Guillaudot reprendra son activité dans la gendarmerie où, nommé à la 1ère inspection du corps, il sera promu Général après avoir été fait Compagnon de la Libération le 19 octobre 1945. Quant aux gendarmes de Guillaudot, son successeur à la tête du réseau Action, Paul Chenailler, les fera, sans difficulté, basculer dans l’insoumission, quelques jours après le débarquement. Et notamment à Saint Marcel où ils assistèrent efficacement les maquisards et les commandos du Colonel Bourgoin.

Le martyre du commandant Fontfrede

Rappeler ces quelques exemples de participation de gendarmes à la Résistance ne doit pas faire oublier que ce sont 12.000 gendarmes et gardes qui, sur tout le territoire, sont entrés en Résistance. Beaucoup ont été frappés d’arrêts de rigueur, de suspension de fonction et nombre d’entre eux ont été arrêtés, torturés, déportés, fusillés. Parmi eux, le Commandant Antoine Fontfrede. C’est un honorable correspondant du Colonel Paul Paillole, ancien chef du contre espionnage au sein des services spéciaux devenus clandestins qui combat la pénétration des services spéciaux allemands en zone libre. Fontfrede est à la tête de la gendarmerie du Puy de Dôme et il est également membre de l’ORA et du réseau Mithridate. Le 1er octobre 1943 le SD l’arrête, l’accusant d’avoir préparé un attentat à l’explosif capable de détruire la voiture blindée de Laval alors que c’est son unité qui doit couvrir les déplacements de ce dernier entre sa résidence de Châteldon et Vichy. Il est torturé et un communiqué du 11 octobre annonce qu’il a été fusillé. En réalité, via Compiègne, il est déporté, le 14 mai 1944, à Buchenwald puis affecté au KO Ellrich. Puis c’est une marche de la mort où Fontfrede n’avance plus que soutenu par trois autres déportés dont un gendarme de Volvic, Pierre Paulze qui l’accompagne partout. Tous quatre réussissent à s’évader mais Fontfrede trop fatigué ne peut pas suivre. Paulze reste avec lui et tous deux disparaissent, sans doute tués par une unité de Volkssturm.Ce sont 1.373 gendarmes qui ont été déportés. 454 ne revinrent pas et 338 furent fusillés dont, au Vercors, les gendarmes Courrech, Lespinasse, Barrau, Chalaye et Clesse, à Grenoble le gendarme Raymond, à Beaurepaire le gendarme Offner.

Darnan réorganise la gendarmerie. La désobéissance s’amplifie

Grâce à Sérignan la Garde Mobile qui a été dissoute, réapparaît intégrée à l’armée en zone libre et devient « la Garde » forte de 6.000 hommes dont 180 officiers. Lorsque Darnand reçoit les pleins pouvoirs le 10 janvier 1944, il destitue, aussitôt, 14 préfets suspectés de relations avec le Noyautage des Administrations Publiques (NAP) et, d’une façon générale, met aux postes clés des durs tels Jean Degans (Renseignements Généraux), Marcel Gombert (Groupe Spécial de Sécurité), Rebouleau, milicien promu Préfet de l’Hérault à Montpellier. A cela s’ajoutent onze intendants pénitentiaires qui dispensent l’épouvante dont le chef de la milice du Limousin qui transforme en enfer la prison de Limoges, Raoul Di Constanzo dans les prisons bretonnes, Charles de Beurnonville dans celles de Lyon, Jean Colomb dans celles de Vichy. L’historien Fred Kupferman soulignera la portée de l’instauration de ces équipes dans son livre (La venue de la Barbarie) consacré à Laval en constatant que la fusion forcée de la police et de la milice allait introduire dans le milieu des fonctionnaires une espèce nouvelle, celles des tueurs pressés!

Un pouvoir sans limite, ni contrainte

Cette glaciation va peser sur la gendarmerie. Après la décision de Laval de la retirer de la Défense, Obert veut qu’elle passe sous les ordres de Darnand. Ce dernier va la diriger, la contrôler, nommant et révoquant à sa guise, ne soumettant ses directives (de fait sans recours) qu’au visa de principe de Laval. Par voie de conséquence, la gendarmerie comme la Garde tombent entre les mains de la milice qui, avec les  nouveaux Préfets, exige le concours de la gendarmerie contre la Résistance aux côtés des miliciens. Ces derniers épient leurs moindres gestes n’hésitant pas d’appeler les allemands à la rescousse. C’est ainsi que, dans l’Ain, pour complicité avec les dissidents, ils font arrêter le Capitaine Verchère et six de ses gendarmes (Nantua), le Margi chef Pfirsh et trois de ses hommes  (Brenod) ou l’Adjudant Bertrand et deux de ses hommes (Saint Rambert en Bugey), tandis que dans le Lot, c’est le Lieutenant Louis Dauquier (Gourdon) qui va être victime de cette chasse à l’homme L’arbitraire de la Milice à l’égard de la gendarmerie sévit partout, Haute Savoie, Basses Alpes, Bretagne, Gers, Ariège, Tarn, Haute Garonne . Darnand demande aux nouveaux intendants de police d’inclure des gendarmes dans les pelotons d’exécutions des Résistants condamnés à mort par les cours martiales. Confrontés à pareille situation plusieurs gendarmes désobéissent ou désertent à Toulouse, Limoges, Nîmes où 30 gendarmes et leur chef le Capitaine Orsatelli refusent d’exécuter trois maquisards qui sont alors transférés à Marseille et exécutés par des GMR. Même refus à Poitiers, Orléans, Angers, Nice, Lille. A Paris, le Capitaine Jean Chalvidan et un groupe de gendarmes refusent, à la prison de la Santé, la terrible besogne et désertent.

Un général, aux ordres de Pétain et Darnan

La gendarmerie départementale devient difficile à mater et Darnand pour renforcer son appareil policier dont le pivot est constellé des Francs Gardes de sa Milice, flatte par des promotions et des primes les GMR, les brigades parallèles des partis ralliés à Vichy et constitue, avec une quinzaine d’officiers acquis à ses idées, un Etat Major appelé le STMO (Service Technique du Maintien de l’Ordre). Quant à la Garde et ses 6.000 hommes, Darnand souhaite l’amalgamer à sa force d’intervention. Pour ce faire, il choisit le Général Perre, rallié à Pétain, qui, jusqu’en 1942, a présidé le tribunal militaire de la 13ème Région (Clermont Ferrand) y manifestant un grand rigorisme doublé d’un non moins grand sectarisme. Pour ces services, il reçoit de Pétain la Francisque en ayant comme parrains le docteur Ménestrel et le Général Campet. Au cours de la cérémonie de remise, il prononce, comme tous les 2.625 autres récipiendaires, le serment de vassalisation Je fais don de ma personne au

Maréchal Pétain comme il a fait don de la sienne à la France. Je m’engage à servir ses disciples et à rester fidèle à sa personne et à son oeuvre.

L’aventure et le calvaire du chef d’escadron Robelin

Laval présente, à Oberg, le Général Perre qui, par décret du 7 avril 1944, est nommé directeur général de la Garde. A ses côtés, apparaît, comme sous directeur, le Chef d’escadron Robelin, lequel est doublé d’un homme de Bousquet et d’un contrôleur civil. Avec Robelin arrive à un poste essentiel un Saint Cyrien passé par l’école des sous officiers de la gendarmerie de Versailles, entré à la garde Républicaine, admis au concours de l’école supérieure de guerre, breveté d’Etat Major et affecté près du Général Bourret, à l’inspection générale de la gendarmerie. La défaite venue, Robelin veut passer en Angleterre mais, son ami Paul Paillole le retient et il devient l’un des tous premiers honorables correspondants du contre espionnage clandestin de la gendarmerie et de la Garde. Les contacts de Robelin et Paillole permettent notamment de décimer les équipes d’agents nazis tendant à s’infiltrer en zone libre. Paillole, mis sur la liste noire des allemands, reçoit l’ordre de passer à Alger à l’entrée des allemands en zone libre et il est remplacé par Roger Lafont (alias Verneuil) à la tête d’une équipe de militaires liés à l’ORA et comportant de nombreux gendarmes et gardes. Parmi eux, les Capitaines Delmas (Toulouse), Hugon (Lyon), Kerhervé (Issoire), les Lieutenant Colonel et Colonel Boisseau et Vincent (Nice), le Chef du Chef d’escadron Raulet et des Capitaines Perrolaz, Mallaret, Jung et Receveau (Alpes).

Mission de maillage

Clé de voûte de ce maillage, Robelin, assisté du Capitaine Vincent pousse ses antennes jusque dans l’entourage de Darnand. Le Général Revers, chef de l’ORA, confie alors à Robelin une triple mission à la Garde : neutraliser les décisions fâcheuses de la direction de l’Arme, canaliser et contrôler la participation de cette Arme au maintien de l’ordre, préparer son entrée en action dans le camp allié au moment de l’insurrection. On comprend mieux la raison pour laquelle le Chef d’escadron a accepté le poste de sous directeur technique de ce Corps le 15 avril 1944. Il prend comme adjoint-le Commandant Tharaux et s’entoure d’une dizaine d’officiers qu’il connaît pour leur passé et pour leur engagement en faveur de la Résistance.

Le Général Oberg, malgré les engagements de Laval et de Darnand, refuse les moyens lourds que ces derniers réclament pour la Milice et pour la Garde. Cependant, il charge le SD de surveiller le nouvel Etat Major de Robelin. Ce dernier a peu de marge de manœuvre mais il réussit à maintenir ses liaisons avec Verneuil et, par les Capitaines Morand, Bouchardon et Grange, noue des contacts avec l’AS (Armée Secrète), le Délégué Militaire couvrant Allier/Cantal/Puy de Dôme, le Front National ainsi qu’avec le Capitaine Vincent tirant, par ailleurs, du STMO des informations précieuses sur la préparation des assauts contre les réseaux et les maquis.

Il donne aux commandants d’unité de la « Garde » consigne de renoncer à la chasse et d’éviter l’ouverture du feu. Il prépare avec le colonel Jean Pfister de l’ORA, le glissement de la Garde dans les maquis. Il est, notamment, en relation suivie (via le Capitaine de gendarmerie Marcel Auriol) avec le Commandant Descours, responsable du Vercors. Sa hantise permanente est la Milice, aussi, sous prétexte de protéger Pétain, il regroupe le gros des régiments de la Garde à Lyon,

Limoges, Clermont, Montluçon et Roanne. Abwehr et SD accroissent leur surveillance car les Préfets se plaignent de la passivité grandissante de la Garde. Par le Capitaine gendarme Demettre, Paillole depuis Alger, alerte Robelin qu’il est visé, d’autant que Darnand reçoit une plainte de Vaugelas, chef de la Milice à Limoges, accusant Robelin d’avoir personnellement freiné la participation de la Garde lors d’opération contre les maquis du Limousin. Conséquence, Darnand demande la tête de Robelin à Perre.

Arrestations en série

Le lendemain du débarquement, 500 élèves de la Garde, Chef d’escadron Corberand en tête, accompagnés de cinq escadrons de la Garde passent au maquis. Vive agitation à Vichy. Le 15 Juin Degans, patron des RG avec, à ses côtés, le commissaire Pierre Poinsot, convoque Bouchardon à son QG. Bouchardon fait front. Poinsot le relâche mais il le fait écarter de l’Etat Major de Robelin et le met aux arrêts sous garde de la Milice. De son côté le SD, qui torturent trois résistants, voit  ressortir le nom du DMR Courson de la Villeneuve avec qui Robelin est en relation. L’arrestation du DMR déclenche une traque qui conduit à l’arrestation du capitaine Morand de l’EM de Robelin. Darnand, en liaison avec le SD, convoque Robelin et Perre et deux policiers allemands interpellent Robelin. Le Commandant Jeandel est, lui aussi, convoqué, interpellé et arrêté.

Le 7 juillet, Perre réunit l’EM de la sous direction technique, fustige les comportements des officiers arrêtés en les qualifiant de traîtres. Dans la foulée, il nomme Tharaux au poste de Robelin et s’éclipse. André Grange propose de fuir. Pendant ce temps la SIPO cerne l’immeuble et à 17 heures ; Tharaux, Comemale, Delmas, Lacroix, Garraud et Puthoste sont arrêtés. Grange qui s’est échappé, est néanmoins, reconnue et arrêté avec Dautun, rédacteur et Levy, secrétaire. A l’hôtel du Parc, siège du gouvernement de Vichy, le SD arrête le Chef d’escadron Hurtel et le Lieutenant Bertrand de la garde personnelle de Pétain, ainsi que le Commandant d’escadron 6/4 de Vichy, tous trois fichés comme des proches de Robelin. Bouchardon qui est aux arrêts est, lui aussi, arrêté. Seul Paul Vincent échappe à la rafle et rallie le groupement Colliou de l’ORA.

 Transfert vers l’horreur

Les captifs sont transférés, le 9 juillet, à la caserne d’Assas de Clermont Ferrand tenue par les SS et où Francis Morand est déjà incarcéré. Robelin et Morand placés en isolement sont emmenés le 10 à Chamalières, Villa René, siège du SD où se trouve notamment Joseph Kaltseiss, expert en sévices assisté de plusieurs gouapes françaises. Robelin et Morand sont horriblement torturés mais n’avouent rien. Un témoin, prisonnier à la caserne d’Assas, Serge Fischer aide au transfert d’un homme au visage jeune noirci par la souffrance, gisant sur une civière et geignant. Il avait un trou de la grosseur d’un poing dans la fesse droite. On y voyait de petits os. Sa jambe droite était enflée au moins de quatre fois la taille normale. Plus tard j’ai été convoqué à nouveau pour le panser dans sa cellule et il m’a murmuré à l’oreille. Ne t’en fais pas  nous les aurons quand même. Puis il m’a donné son nom Remi Robelin.

Plusieurs fois encore, Robelin est emmené Villa René et torturé. Il est ensuite transféré à Vichy dans les mains d’autres carnassiers, les SS du Capitaine Gallinger.

Paillole qui a pu récupérer une partie des archives de cette antenne SS à Vichy établira que son ami a été torturé jusqu’au 9 août 1944 et que le 10 août, miné par la gangrène, et sans doute sur ordre de Gallinger, un SS l’a étranglé dans sa cellule. Son corps ne fut jamais retrouvé. Le sort de ses compagnons est connu, Tharaux, Comemale, Jeandel, Puthoste, Hurtel, Dupont et Bertrand ont retrouvé la liberté. Grange s’est évadé du train qui l’emmenait en déportation, Delmas, Morand et Lacroix sont morts en déportation. Garraud et Bouchardon sont rentrés de déportation, échappant miraculeusement au bombardement de leur bateau à Neustadt.

Derniers soubresauts d’autoritaisme

A l’hôtel Majestic de Paris, au PC du Général Oberg, se trouve Max Knipping, délégué milicien de Darnand qui n’arrête pas de bousculer Sérignan convoqué aux réunions du chef des polices du Reich. Sérignan l’ignore, ne répond qu’à Oberg et à Knochen et, toujours, en allemand. Il plaide pour ses collègues des brigades et des sections de gendarmerie qui ne font pas leur métier en particulier pour les Colonels Ledu (Paris-Nord), Charollais (Paris Est), Le Guennec (Dijon), Maujean (Rennes), Simontoli (Limoges), Samson (Bordeaux) ou Pouilly (Orléans) à qui sont reprochés des défaillances de personnel, du manquement dans la lutte contre les maquisards et les résistants. Sérignan les couvre régulièrement, Knipping menace, informe Darnand qui fait pleuvoir des peines administratives. A titre d’exemple le Lieutenant Colonel Vernageau, grand mutilé 14/18, chef de la légion Languedoc, est relevé de ses fonctions pour avoirs refusé de saluer le drapeau frappé du gamma de la Milice.

Darnand, approuvé par Laval, crée des tribunaux du maintien de l’ordre. Les miliciens remplacent les magistrats tout comme ils le font déjà pour les cours martiales. Ces instances, où seront jugés tous les agents de la force publique qui n’auront pas fait leur devoir, en particulier des gendarmes surnommés par les Miliciens « La Plaie Bleue », prévoient des peines allant du renvoi à l’emprisonnement, voire, en cas de désertion, la peine de mort. Des peines immédiatement exécutoires et sans recours. Le Général Martin, directeur de l’Armée, proteste oralement et par écrit en pure perte. La Milice est au pouvoir et invente les corps francs mixtes associant GMR, Policiers, gendarmes, douaniers et miliciens. Toute cette accumulation de pressions sur la gendarmerie font, qu’à fin juin 1944, on peut estimer à 12.000 gendarmes et gardes, l’effectif entré en clandestinité. Et bien d’autres allaient suivre.

En guise de conclusion

La gendarmerie fait partie de l’armée. Parler de l’action déterminante des gendarmes et de la Garde dans la Résistance, c’est indirectement rendre hommage à tous les volontaires qui se sont engagés dans la résistance et constituèrent la nouvelle armée française. Que ce soit ceux qui, dès juin 1940 à l’appel à la résistance du Général de Gaulle le rejoignent et forment des unités se distinguant aux côtés des Alliés dans leurs combats. Que ce soit ceux qui s’engagent dans l’armée de l’ombre, celle des réseaux, des mouvements, des maquis et où tant de militaires de réserve et d’active et, notamment, de gendarmes prirent une part active. Cette armée nouvelle a concouru efficacement à la Libération du territoire et cela malgré la collusion de trop d’amiraux et de généraux qui, derrière Pétain, Darlan, Laval et Darnand, s’étaient engager dans un chemin allant du défaitisme à la collaboration active avec l’ennemi. L’analyse de l’étude de Pierre Accoce terminée, il reste à souhaiter que son actualisation puisse être faite lorsque la gendarmerie aura plus largement ouvert ses archives aux chercheurs. Et je formule le regret qu’au moins les chefs d’escadron Joseph Descamps et Jean Verine, les Colonels Remi Robelin et Sérignan n’aient pas été faits Compagnons de la Libération

 

 

 

 

 

 

 



04/03/2013
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